Les experts sur le climat ont publié dimanche à Copenhague une évaluation mondiale dont le message est clair : face à l'ampleur du réchauffement, il faut agir vite pour réduire les émissions de CO2. Ces hausses de températures ont une réelle incidence sur nos vignes et forêts. Comment les protéger ?
Ban Ki-moon, le secrétaire général de l'ONU s'est élevé contre "le mythe" selon lequel "agir pour le climat sera coûteux". "Je peux vous dire que ne pas agir coûtera plus, beaucoup plus", a-t-il affirmé.
La communauté internationale s'est fixé comme objectif de maintenir la hausse globale des températures sous le seuil de 2°C, afin de limiter les impacts du changement climatique déjà à l'oeuvre et dont la vitesse est inédite.
Pour garder le cap des 2°C, les émissions mondiales de gaz à effet de serre (CO2, méthane, protoxyde d'azote) doivent être réduites de 40 à 70% entre 2010 et 2050, et disparaître totalement d'ici 2100, estiment les scientifiques.
Cela implique de se détourner massivement des énergies fossiles, d'améliorer fortement l'efficacité énergétique, de limiter la déforestation, etc, et d'investir pour cela des centaines de milliards de dollars d'ici à 2030.
Et s'il n'était pas "contrôlé", le changement climatique aurait des impacts "graves, étendus et irréversibles", indique le Giec.
Conséquence: la température moyenne à la surface de la planète a gagné 0,85°C entre 1880 et 2012, une vitesse inédite.
Les impacts sont déjà visibles sur tous les continents: précipitations accrues dans certaines zones et en baisse ailleurs, répartition modifiée des espèces marines et terrestres, rendements agricoles globalement en baisse, vagues de chaleur plus fréquentes en Europe, Asie, Australie.
Pour Jean-François Soussana, directeur scientifique Environnement de l’Inra et auteur principal du chapitre « Europe » du rapport du Groupe II du GIEC, ce réchauffement a un réel impact sur la vigne et la forêt.
"En outre explique-t-il, du fait de l’extension du domaine de la vigne, de nouvelles zones viticoles risquent d’entrer en compétition avec nos vignobles. L’adaptation de la vigne requerra de nouvelles pratiques de taille, des recherches en œnologie, le recours à l’irrigation et des changements de cépage – mais l’exploitation de ces deux dernières ressources se heurtera aux dispositions régissant les appellations d’origine contrôlée.""Pour ce qui est de la viticulture, l’évolution climatique aura des effets sur la qualité du vin car les baies de raisin contiendront plus de sucre et moins d’acides organiques".
Et pour ce qui est de la forêt, le scientifique n'est pas plus optimiste.
"On pourrait ainsi voir une perte de la valeur foncière des forêts européennes variant de 14 à 50 % selon les scénarios climatiques. Nous observons déjà des dépérissements de certains massifs forestiers et les risques d’incendies vont se généraliser d’ici à la fin du siècle", explique-t-il."Dans un scénario à + 4° C, on s’attend à une perte importante de valeur économique des forêts européennes, simplement parce que les essences actuelles ont une valeur supérieure à celles qui pourront les remplacer d’ici à la fin du siècle".
Par ailleurs si ce réchauffement climatique permet à la forêt de pousser plus vite, dans un deuxième temps, la sécheresse qui en découlera risque d'être fatale aux arbres. C'est ce que nous explique Antoine Kremer (Directeur de recherche à l'INRA, spécialiste de l'évolution de l'arbre) au micro de Gilles Bernard et Jean-Michel Litvine :