Kévin Mayer, un beau gosse bosseur

Il ne faut pas se fier aux apparences: Kevin Mayer, le beau gosse du décathlon qui a remporté le titre de champion du monde samedi 12 août 2017, aime souffrir et connait le prix à payer pour dominer la discipline la plus exigeante de l'athlétisme.

La première impression est trompeuse. Avec son physique d'Apollon (1,86 m, 82 kg), le grand blond ressemble plus à un surfeur qu'à un stakhanoviste des pistes. Et pourtant, il faut imaginer l'investissement nécessaire pour mener à bien 10 travaux en deux jours.

"Un décathlon, c'est comme un marathon: on met un mois à se préparer et un mois à s'en remettre. C'est un combat contre soi-même, plus que contre les autres. Tous les jours, je ne compte pas les heures", explique le Montpelliérain d'adoption, né à Argenteuil il y a 25 ans et dont la famille vit à la Roche-de-Glun, dans la Drôme.


A cette charge de travail, il faut ajouter une petite particularité toute personnelle, qui amplifie la difficulté: Mayer est sujet au trac et au stress les 15 jours précédant un grand championnat et avoue même ressentir "une forme de dépression" à l'approche de l'évènement. Un décathlon, c'est donc tout sauf une balade de santé. Même quand, comme le Français, on est béni des dieux.

Car l'histoire de Mayer est avant tout celle d'un prodige à l'ascension fulgurante.

Mental d'acier


Champion du monde juniors en 2010, premiers JO en 2012 à seulement 20 ans (15e), 4e des Mondiaux l'année suivante puis médaillé d'argent aux Championnats d'Europe en 2014, l'ex-étudiant en DUT génie bio puis en DUT mesures physiques, finit par crever l'écran aux JO de Rio en 2016 en prenant la 2e place derrière le double champion olympique et recordman du monde Ashton Eaton.

La retraite de l'Américain à la fin de l'année le propulse sur le devant de la scène, un statut qu'il gérera parfaitement dès les Championnats d'Europe en salle à Belgrade, en mars 2017, avec un premier titre international et un record d'Europe à l'heptathlon (6479 points), avant de connaître sa véritable consécration avec son sacre mondial à Londres. L'étiquette, parfois encombrante, de grandissime favori, n'aura en rien perturbé ce champion dont le mental devient paradoxalement inoxydable dès qu'arrive le Jour-J.

Samedi 12 août, il fut ainsi capable de sauver sa peau grâce à un dernier essai miraculeux au saut à a perche (5,10 m) pour éviter un fatal zéro pointé aux Championnats du monde.

Il n'a pas peur de le dire: Rio-2016 a constitué un tournant et a changé sa vie, lui permettant désormais de se consacrer uniquement à sa carrière, sans peur du lendemain, dans une discipline où l'argent fait souvent défaut.

"Si je n'avais rien fait aux JO, j'aurais peut-être changé de vie. Cela m'a permis de me libérer et de m'entraîner pour faire de la +perf'+ au lieu de chercher des contrats. Ce n'est pas l'argent qui m'intéresse. Ce qu'il me faut, c'est avoir de quoi vivre et m'entraîner dans de bonnes conditions. Maintenant, je les ai pendant 8 ans et je vais m'entraîner pendant 8 ans", affirme le Français.

Ambassadeur


Sa nouvelle notoriété, il la doit bien évidemment à ses performances mais sa belle gueule est aussi un atout non négligeable. Très présent sur les réseaux sociaux, il officie également comme consultant sur RMC et BFMTV depuis le début de l'année. 

Mayer joue ainsi à plein son rôle d'ambassadeur du décathlon. Mais son engagement va encore plus loin et il caresse déjà un rêve: voir les épreuves combinées intégrées au circuit de la Ligue de diamant. Les deux triathlons athlétiques (javelot, 110 m haies et longueur) organisés à son initiative à Paris, l'hiver dernier en salle et le 1er juillet à Charléty, ont ouvert une voie qu'il espère voir prolongée.

"La Fédération internationale était sceptique mais c'est une grande victoire pour moi parce que je me suis énormément investi. Maintenant, la balle est dans son camp", indique-t-il.

Cet amateur de plongée sous-marine, qui a tâté du piano et se plaît même à fréquenter l'opéra et des concerts symphoniques, a donc plusieurs cordes à son arc. Même pour Hercule, il n'y a pas que le décathlon dans la vie.
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