Marc Robert, procureur général près la cour d’appel de Riom a présidé le groupe de travail interministériel qui a rendu un rapport sur la cybercriminalité le 30 juin. Il était lundi l'invité de notre journal.
Votre rapport préconise 55 recommandations. Quelles sont les pistes qu’il faudrait mettre en place en priorité, et peut-être inscrire dans la loi ?Marc Robert : D’abord la prévention, et ça, ça ne demande pas de textes. La cyber délinquance joue de nos imprudences et de notre crédulité, et il faut d’abord avoir un plan d’information des internautes, notamment des plus jeunes et de ceux qui ont accédé à Internet un peu plus tardivement et qui le maîtrisent moins bien.
Les personnes de plus de 50 ou 60 ans sont-elles plus victimes d’escroqueries sur Internet que les jeunes ?
Sur l’escroquerie, oui. Les plus jeunes internautes, nos enfants, risquent plus d’être victimes d’actes de pédophilie ou d’atteintes à l’intimité de la vie privée, de droit à l’image. On a eu des affaires qui se sont soldées par des suicides en France, donc c’est quelque chose de très important. La délinquance sur Internet couvre tous les aspects possibles.
Pour y répondre de façon organisée, vous proposez la création d’une délégation interministérielle à la lutte contre la cybercriminalité placée sous l’autorité directe du Premier Ministre. A quoi servirait cette entité ?
Il n’est pas question de créer encore un machin. On a fait pas mal de choses en France déjà, mais ce qui nous manque, c’est une cohérence, une impulsion centrale, une planification dans la lutte contre la cybercriminalité. Comme on le fait pour la sécurité des systèmes informatiques ou la cyberdéfense, il faut que la lutte contre la cybercriminalité soit pilotée par une unité centrale. Mais il ne faut pas oublier qu’Internet est d’abord un espace de liberté, et on l’oublie un peu trop. Une liberté d’expression, de discussions, d’échanges, de découvertes… On a beaucoup travaillé sur ces droits fondamentaux, et toutes nos propositions ont été passées au crible de cette exigence.
Petit point sur l'utilisation d'Internet en France et dans le monde
Selon l'agence We are social de Singapour, sur Terre, il y aurait plus de 2 millards 400 millions d'internautes soit 35 % de la population. Parmi tous ces utilisateurs d'internets, c'est facebook qui les passionnent le plus: le réseau social compte plus d'un millard d'utilisateurs. Et si vous en doutiez, sachez que la vie est très virtuelle en France puisque notre pays compte plus de 54 millions d'internautes soit 83% de la population. 68% des français utilisent des réseaux sociaux, et pour la plupart, il s'agit de Facebook.
Les français ont sûrement plus d'un téléphone portable dans leur poche puisqu'il y en a 72 millions activés dans l'hexagone.
Avec ces chiffres, la France peut donc être un bon foyer de cybercriminels, en tout cas, un terrain propice à la cybercriminalité. Un français reste en moyenne 4h par jour sur internet. Selon une autre étude réalisée par le créateur de logiciels de sécurité Symantec, 7 millions de personnes adultes auraient été victimes de cyberciminalité en France en 2013, de la plus petite agression, vol d'un mot de passe sur un réseau social par exemple aux plus problématiques comme l'utilistation de ses données bancaires.