En 2012, le professeur Séralini publiait une étude sur les effets sur les rats du du maïs NK603 et de l'herbicide Roundup fabriqué par Monsanto. Son travail avait suscité la polémique été rejeté par des agences sanitaires. Il est republié et accessible à tous ce mardi.
"Les résultats sont alarmants. On observe par exemple deux à trois fois plus de mortalité chez les femelles traitées. Il y a deux à trois fois plus de tumeurs chez les rats traités des deux sexes", expliquait Gilles-Eric Seralini en septembre 2012, dévoilant le fruit de deux ans de recherche. Deux cents rats avaient été nourris pendant deux ans avec un maïs OGM NK603, traité dans certains cas avec l'herbicide Roundup, deux produits fabriqués par le groupe américain Monsanto. Cette étude avait suscité la polémique dans le monde scientifique. Elle avait été rejetée par l'Agence européenne de sécurité des aliments
(Efsa) et l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) en France. La revue "Food and Chemical Toxicology", qui l'avait publiée, avait décidé de la retirer, mettant en doute le sérieux de sa méthodologie.
Un an et demi plus tard, cette étude réapparaît dans la revue Environmental Sciences Europe dans une version légèrement remaniée au niveau de la forme. Car le fond reste le même, selon l'association Criigen (Comité de recherche et d'information indépendantes sur le génie génétique) dont fait partie le chercheur caennais: "La toxicité du Roundup et ses impacts sur les organes de détoxification du corps, le foie et les reins ainsi que sa capacité à perturber le système hormonal à très faible dose".
Cette publication se fait en "open source", ce qui fait que les données sont en accès libre pour l'ensemble de la "communauté scientifique", "ce que l'industrie s'est toujours refusée de faire au nom du secret industriel ou de la propriété intellectuelle", souligne le Criigen. Pour Winfried Schröder, éditeur pour la revue Environmental Sciences Europe, il s'agit, avec cette republication, de "permettre une discussion rationnelle" sur ces travaux. "Le seul objectif est de permettre la transparence scientifique et, sur cette base, une discussion qui ne cherche pas à cacher, mais bien à se concentrer sur ces controverses méthodologiques nécessaires". L'étude du professeur Gilles Séralini est d'ores et déjà consultable sur le site internet de Environmental Sciences Europe.
En janvier dernier, le chercheur caennais signait, avec d'autres membres du Criigen, une nouvelle étude démontrant la dangerosité des pesticides. Celle-ci avait été réalisée in vitro sur cellules humaines sur neuf des "principaux" pesticides utilisés dans le monde: trois herbicides (Roundup, Matin El, Starane 200), trois insecticides (Pirimor G, Confidor, Polysect Ultra), et trois fongicides (Maronee, Opus, Eyetak). Elle concluait que sur 9 de ces pesticides, "8 formulations sont clairement en moyenne des centaines de fois plus toxiques que leur principe actif", et pointe du doigt les adjuvants qui "sont souvent gardés confidentiels et sont déclarés comme inertes par les fabricants".