Le cinéma s'interroge à Dijon: comment être plus rentable ?

Neuf mois après la tribune polémique du distributeur Vincent Maraval sur l'inflation de certains cachets d'acteurs et des coûts des films sans rapport parfois avec leurs recettes, la filière s'interroge toujours sur une réforme du système pour plus de transparence et de rentabilité.

Lors d'un débat sur ces thèmes à l'occasion des Rencontres cinématographiques qui ont lieu à Dijon jusqu’à ce samedi soir, les professionnels ont dressé des constats et évoqué des pistes, dans l'attente de la publication "dans la deuxième moitié de novembre" du rapport très attendu de René Bonnell, sur la rentabilité des films français. Ce rapport a été commandé dans le cadre des Assises nationales du cinéma français lancées le 23 janvier par la ministre de la Culture Aurélie Filippetti.

Vendredi et samedi, la filière a pointé du doigt l'inflation récente des coûts des films, comme Alain Sussfeld, directeur général du groupe UGC  (distribution, exploitation principalement) en rappelant que "le cinéma c'est cher. Un « petit » film c'est déjà un million d'euros soit 80 m2 à Paris!". Alors "40 millions d'euros, c'est considérable", a renchéri M. Bonnel, en allusion aux très gros budgets.

Si la question du coût "se pose aujourd'hui ce n'est pas parce qu'avant le cinéma était rentable et que maintenant il ne l'est plus mais parce qu'avant le cinema n'était pas rentable mais les pertes étaient assurées par un certain nombre d'intervenants", a-t-il relevé. Les professionnels comme René Bonnell ont en effet tous souligné la nécessaire adaptation de la filière face à la baisse actuelle des sources traditionnelles de financement du cinéma, en particulier celles des télévisions privées (Canal+) ou hertziennes (TF1, France Télévisions, M6 etc) soumises à des obligations d'investissement dans le secteur. En cause: la baisse de leurs recettes publicitaires, la multiplication des chaînes et des canaux de diffusion (internet notamment) ou encore la baisse d'audience des films par rapport aux séries. Vendredi matin, le PDG de TF1 Nonce Paolini rappelait que le cinéma avait enregistré "une perte de 20 millions d'euros dans les comptes" de  l'entreprise en 2012 "entre les recettes et les coûts des films".

René Bonnell n'a pas dévoilé le contenu de son rapport ni ses recommandations, mais il a estimé que face à "un système qui s'asphyxie parce qu'il a moins de ressources, il faut faire venir les capitaux privés extérieurs", au côté du principe actuel qui veut que ceux qui profitent de l'exposition du cinéma le financent. Ce système a permis à la France jusqu'à présent de maintenir un niveau élevé de films nationaux face à la concurrence américaine, et de proposer des films de la diversité. "Mais pour faire venir ces capitaux, il faut absolument que (le système) soit transparent. C'est très compliqué l'économie du cinéma. Il faut que de l'extérieur les gens disent « j'ai mis tant, combien cela va me rapporter? ». C'est aussi capital que quand on investit dans une entreprise", a ajouté M. Bonnell.

"Toutes les ressources diminuent et en même temps j'espère que c'est assez provisoire car la fréquentation est excellente: 195 millions de spectateurs ce n'est pas une punition!", a-t-il dit, allusion à la baisse attendue en 2013 du nombre de spectateurs en salles, en deçà des 200 millions des dernières années. Selon plusieurs intervenants, l'heure serait plutôt à la décrue pour les films tant au niveau des budgets que du nombre.
Vincent Grimond, président de Wild Bunch, un des grands distributeurs et producteurs, a reconnu que ces derniers temps, les "distributeurs français sont allés très joyeusement mettre des sommes très significatives sur des films". "Sans doute avons nous sorti trop de films en salles", a-t-il dit en parlant de
Wild Bunch, avant d'expliquer qu'à l'avenir, "on va réduire, on va être plus stricts" sur les investissements.

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