Des médecins étrangers pour lutter contre la désertification médicale

Comme dans le reste de l'Hexagone, la désertification médicale est une réalité en Bourgogne-Franche-Comté. A Belfort, dans un cabinet d'ophtalmologie, trois médecins spécialistes grecs sont arrivés il y a moins d'un an. Il s'agit d'un soulagement pour les patients.

En juin 2016, UFC-Que choisir publiait une étude édifiante au sujet de la désertification médicale en France. Selon elle, en 2016, près 14,6 millions de personnes vivaient dans un territoire où l'offre de soins libérale est "notoirement insuffisante". Depuis 2012, plus du quart des Français a vu diminuer le nombre de médecins généralistes accessibles en moins de 30 minutes en voiture.

Un constat qui n'épargne pas la région Bourgogne-Franche-Comté. La région n'est pas la mieux dotée concernant le nombre de médecins généralistes. Selon les derniers chiffres publiés dans un rapport de l'Agence régionale de santé, des départements comme la Nièvre, la Saône-et-Loire ou l'Yonne doivent se contenter de 80 docteurs pour 100 000 habitants. Le Jura, la Haute-Saône et le Doubs sont également sous la moyenne française qui est proche de 100 médecins.


A Belfort, dans un cabinet d'ophtalmologie, trois spécialistes grecs sont arrivés il y a moins dun an. Evangelos Vougiouklis habitait et exercait sa profession sur l'île de Syros dans les Cyclades. Il travaille aujourd'hui quinze jours par mois à Belfort. Depuis sa venue, son carnet de rendez-vous est rempli...jusqu'en 2018. En raison de la crise économique que connait son pays, les habitants ne peuvent plus convenablement se soigner. S'expatrier en France a été pour lui de retrouver une patientèle. Un paradoxe lorsque l'on connaît le phénomène de désertification médicale en France. Naturellement, les habitants de Belfort ont, quant à eux, étaient soulagés de voir l'implantation d'un nouvel ophtalmologue. Une arrivée qui met fin à quelques années de galère. 

Une situation similaire dans le Jura

Le département du Jura n'échappe à la désertifcation médicale. Il est sous doté. Dans le bassin lédonien, il manque cruellement de médecins généralistes et spécialistes. Entre 2007 et 2015, le nombre de médecins est passé de 660 à 612 dans le Jura. Par rapport au niveau national, trois fois moins de dermatologues sont présents sur le territoire. Un paradoxe, selon la Mutualité Française. Selon elle et une étude menée dans le département qui a recensé l'offre de santé et les besoins des populations, le territoire de Lons-le-Saunier présenterait "des capacités attractives". Dans cette zone, "toutes les spécialités médicales" sont sous représentées, en particulier les psychiatres, les dermatologues, les ophtalmologues, pédiatres et cardiologues. Selon la Mutualité française, "il faudrait 25% de médecins généralistes en plus à Lons-le-Saunier" pour atteindre la moyenne nationale.

L'avenir du territoire du Jura et du reste de l'Hexagone ne devrait pas s'éclaircir. D'ici 2020, une augmentation de la population conjuguée à une baisse du nombre de médecins due à leur vieillissement, devrait mécaniquement créer un besoin et par ricochet, catalyser cette désertification médicale. Aujourd'hui, dans le bassin lédonien, deux tiers des médecins spécialistes ont plus de 55 ans comme 50,58% dans le reste de la France selon l'ARS Bourgogne Franche-Comté. Dans le reste de la région, en Haute-Saône, ce pourcentage s'élève à 56,65%. Des chiffres inquiétants pour les patients du territoire. Le principal défi de la région sera d'attirer les jeunes médecins. Aujourd'hui, le Jura emploie 30 dentistes dont 15 espagnols. Le département devrait prochainement y recruter des médecins généralistes et des dermatologues. Un pays où il n'y a ni numerus clausus ni restriction dans la formation. En France, en 2017, un médecin sur 10 est titulaire d'un diplôme européen. Cette problématique avait animé les débats des primaires de la droite, du centre et de la gauche et devrait revenir sur le devant de la scène. 

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