Selon une information publiée ce dimanche dans le JDD, 35 entreprises avicoles dont le Breton Doux pourraient être sanctionnées par l'Autorité de la concurrence pour entente sur les prix. Une mesure qui inquiète une filière déjà fragilisée.
Un rapport de l'Autorité de la concurrence concernant la filière avicole, dévoilé ce week-end par le JDD, pourrait être rendu publique dans les tout prochains jours. Il accuse une trentaine d'entreprises du secteur d'entente sur les prix. Pour cela, l'organe de contrôle s'est appuyé sur le résultat d'une enquête sur une centaine de réunions organisées entre 2000 et 2007 sous la tutelle de la Fédération interprofessionnelle de l'aviculture (FIA). Au cours de ces rendez-vous, la profession se serait entendue pour une tarification de "tous les produits standards ou élaborés à base de poulet, dinde, canard, pintade et lapin" rapporte le JDD.La filière avicole en Bretagne
En Bretagne, le groupe Doux est visé, mais aussi des entreprises propriétaires d'usines la région comme LDC ( implanté à Ploufragan) le groupe Duc (Riec-sur-Belon), ou encore Gastronome (Saint-Nicolas-du-Pelem et Languidic). Aux côtés de ces géants le rapport évoque également des filiales de coopératives, des PME et microsociétés parfois familiales.Les volaillers vont devoir payer
Si l'entente est prouvée, les 35 sociétés concernées pourraient se voir condamner à payer une amende équivalente théoriquement à 10% de leur chiffre d'affaires. D'où les propos de cet industriel interrogé par le JDD : "Toute la profession est inquiète. Cela va être sanglant. En mars, l'Autorité de la concurrence a infligé une amende de plus de 190 millions d'euros aux fabricants de yaourt."On ne tire pas sur une ambulance ?
Cette affaire n'est pas sans rappeler en effet celle dite du "Cartel des yaourts". Mais le contexte est un peu différent. Après la grippe aviaire en 2006 puis la montée du prix des céréales en 2007, la France a vu ses volumes de production de volailles baisser de 18%. Une grande partie des poulets que nous consommons sont importés aujourd'hui d'Allemagne, de Belgique ou des Pays-Bas, pays plus compétitifs. Le secteur a ainsi connu de nombreuses restructurations ces dernières années, fusions, disparitions. Doux-Frais par exemple, l'une des entreprises accusées d'avoir participé à cette entente sur les prix, a été liquidée il y a trois ans, le groupe Doux s'étant depuis recentré sur son activité à l'export. "Or, c'est le marché français qui est visé », souligne le JDD qui évoque pour conclure, "toute la difficulté qu'il y aura de tirer sur une ambulance".Séverine Breton et Lionel Bonis ont interrogé un spécialiste de la grande distribution sur ces ententes illicites présumées
Intervenant : Olivier Dauvers, expert Grande consommation - Directeur "Rennes conso"
/ Reportage : S. Breton - L. Bonis