Armel Le Cléac'h a regagné mardi un peu d'avance sur Alex Thomson pour aborder plus sereinement la traversée du Pot au Noir, ce marécage équatorial où alternent calmes exaspérants et grains soudains, l'une des dernières difficultés du Vendée Globe.
A l'ouest du cap Horn, certains monocoques commencent à montrer des signes d'usure après 58 jours de course, obligeant les navigateurs à se retrousser les manches pour soigner les bobos : Alan Roura (13e) a manqué de couler après avoir heurté un objet flottant non identifié (OFNI), alors que Conrad Colman (9e) et Didac Costa (15e) tournent au ralenti à cause de diverses avaries.
Le Cléac'h (Banque populaire VIII) a repris plus de 45 milles sur le Gallois Thomson (Hugo Boss) en 24 heures, augmentant son avance à 190,34 milles à 18h00 (17h00 GMT). Le Breton commence à toucher les alizés au large du Brésil qui devraient le propulser dans sa remontée de l'Atlantique.
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— Vendée Globe (@VendeeGlobe) January 3, 2017
"On fera les comptes après le Pot au Noir qui est le prochain obstacle délicat. C'est ça qui va donner la suite de la course", tempère-t-il, l'esprit déjà tourné vers la prochaine difficulté.
Le Pot au Noir peut en effet redistribuer les cartes avant le sprint final vers les Sables-d'Olonne. Cette ceinture de basses pressions, où le ciel se montre capricieux, barre littéralement l'Atlantique d'ouest en est. De mauvaises manoeuvres et les écarts chutent rapidement.
De l'eau "jusqu'aux mollets"
Derrière, la bataille fait rage pour la 4e place. Yann Eliès (Quéguiner-Leucémie Espoir, 5e) et Jean Le Cam (Finistère Mer Vent, 6e) fondent sur Jean-Pierre Dick (StMichel-Virbac, 4e): les trois skippers se tiennent désormais en près de 75 milles.Le classement est devenu presque anecdotique pour les navigateurs en difficulté avec leurs bateaux touchés par des avaries qui menacent jusqu'à leur maintien dans la course.
C'est le cas du Suisse Alan Roura (La Fabrique, 13e) qui "a coulé petit à petit" après avoir heurté un OFNI. "L'eau a commencé à monter à hauteur de mes pieds, puis des mollets. J'ai vite compris que le temps pressait", raconte-t-il.
En réussissant à installer le safran (partie du gouvernail, NDLR) de secours, le Suisse s'en est sorti "en sang, le coude, les mains". "Le moral est toujours là, même si la course ne sera plus la même".
L'Espagnol Didac Costa (One Planet One Ocean, 15e) a lui constaté un trou dans sa grand-voile et doit attendre une météo plus clémente pour la réparer. Le Néo-Zélandais Conrad Colman (Foresight Natural Energy, 9e) doit subir la même attente pour son mât.
Quant à Sébastien Destremau (TechnoFirst-faceOcean, 18e et dernier), il a dû amarrer en Tasmanie pour également soigner son mât. Il devrait repartir dans 36 heures, estiment les organisateurs.