Procès des "mariages chinois" à Orléans : aggravation des peines réclamée en appel

L'avocate générale de la Cour d'appel d'Orléans a réclamé mercredi "l'aggravation des peines" infligées en première instance aux quatre protagonistes de l'affaire d'escroquerie et de détournement de fonds publics dite "des mariages chinois" de Tours.

L'avocate générale de la Cour d'appel d'Orléans a réclamé mercredi "l'aggravation des peines" infligées en première instance aux quatre protagonistes de l'affaire d'escroquerie et de détournement de fonds publics dite "des mariages chinois" de Tours.
La Cour rendra son arrêt le 30 janvier à 13H30.

Le procès s'est déroulé en présence de la principale accusée, Lise Han, originaire de Taïwan, ancienne maîtresse de Jean Germain, l'ex-sénateur-maire socialiste de Tours. Celui-ci avait préféré se suicider plutôt que comparaître devant le tribunal correctionnel de Tours. L'avocate générale Elise Tamil a requis 36 mois de prison, dont un an et demi ferme contre Lise Han. Celle-ci avait été condamnée le 7 janvier 2016 par le tribunal correctionnel de Tours à 30 mois de prison, dont un an ferme, notamment pour prise illégale d'intérêt, escroquerie et détournement de fonds publics.


Le romantisme à la française, un bon filon 

Entre 2007 et 2011, elle organisait des "noces romantiques" pour les touristes chinois dans la région des Châteaux de la Loire. Aux termes de marchés de plusieurs centaines de milliers d'euros conclus entre la mairie de Tours et la société qu'elle avait créée, des couples chinois venaient renouveler leurs voeux devant le maire de la ville, dans le cadre d'un programme touristique.

Maîtresse à l'époque de Jean Germain, elle avait été embauchée à la mairie pour superviser les échanges avec la Chine en 2008. Même si elle avait alors démissionné de la direction de son entreprise, elle continuait de fait à en tirer les ficelles. Elle aurait ainsi empoché près de 750.000 euros de marchés publics pour l'organisation entre 2008 et 2011 de la célébration par le maire de Tours de 240 mariages symboliques de couples chinois. Elle percevait en outre son salaire à la mairie de Tours ainsi que 3.000 euros auprès de chaque couple.
Jean Germain était poursuivi pour complicité, la justice le soupçonnant malgré ses dénégations d'avoir été au courant de ce tour de passe-passe. Celui-ci, également sénateur, qui n'avait pas réussi à se faire réélire en 2014, s'était suicidé quelques instants avant l'ouverture prévue du procès. Celui avait été remis et l'audience s'était finalement déroulée en octobre 2015.


L'avocate générale indignée par "la mauvaise foi particulière" des  prévenus

L'audience à Orléans a été menée tambour battant, la Cour d'appel ayant décidé d'y consacrer une demi-journée, au lieu des trois jours devant le tribunal correctionnel de Tours.

N'évoquant que discrètement la nature des relations entre le maire de Tours et Lise Han, l'avocate générale a dénoncé un "emploi totalement fictif" accordé à Mme Han par Jean Germain qui voulait "lui assurer des revenus réguliers, pourdes raisons qu'on peut imaginer". Se disant indignée par "la mauvaise foi particulière" des quatre prévenus, elle a demandé la condamnation de François Lagière, l'ancien chef de cabinet de Jean Germain à la mairie, à 24 mois de prison avec sursis et cinq ans d'interdiction d'exercer un emploi public (15 mois de prison avec sursis et trois ans d'interdiction
en première instance).
Contre Jean-François Lemarchand, directeur de la Société publique locale (SPL) de promotion du tourisme tourangeau, qui avait procuré à Lise Han un emploi à la demande de Jean Germain, elle a réclamé 18 mois de prison avec sursis et l'interdiction d'emploi public pendant cinq ans ans (10 mois avec sursis et trois ans d'interdiction en première instance).

Elle a également demandé la condamnation à 12 mois de prison avec sursis de l'époux de Lise Han, qui avait accepté de jouer pour elle les "gérants de paille", à 12 mois de prison avec sursis (amende de 5.000 euros en première instance). Enfin, la magistrate a demandé la confirmation de toutes les autres condamnations prononcées par le tribunal correctionnel contre les quatre accusés. Ceux-ci avaient notamment été condamnés à indemniser solidairement la ville de Tours à hauteur de plus de 500.000 euros, ainsi qu'à verser 30.000 euros pour atteinte à l'image de la ville.

Lise Han et son mari devaient aussi rembourser 102.000 euros à l'agglomération de Tours, tandis que Lise Han et M. Lemarchand devaient rembourser 120.000 euros à la SPL.

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