A compter du 8 mars, tous les logements doivent être pourvus d'un détecteur de fumée, un équipement simple et bon marché qui pourrait sauver des centaines de vies chaque année lors des incendies nocturnes, très meurtriers.
Les incendies domestiques font quelque 800 morts et plus de 10.000 blessés chaque année en France.
Si moins d'un incendie sur trois (30%) survient de nuit, les incendies nocturnes font 70% des victimes, faute d'avertissement. "Les détecteurs servent à nous réveiller la nuit. Les flammes ne réveillent pas et le monoxyde (de carbone) endort", explique un capitaine des pompiers. Selon les professionnels du secteur, l'installation des détecteurs avertisseurs autonomes de fumée (DAAF) pourrait diviser par deux le taux de mortalité par intoxication.
La loi requiert l'installation d'au moins un appareil par habitation, mais les pompiers conseillent d'en installer au minimum un par étage, idéalement dans chacune des chambres et des "salles de vie". Plus le détecteur est haut et central dans la pièce, plus il est efficace. Le détecteur de fumée devient obligatoire dans les logements à partir du 8 mars 2015, selon les termes de la loi de prévention contre les risques d'incendie adoptée en mars 2010 et modifiée l'an dernier. Celle-ci prévoit que le propriétaire du logement doit l'équiper d'un détecteur, l'entretien de l'appareil (changement des piles) revenant au locataire. Le bailleur peut soit fournir l'appareil à son locataire, soit lui rembourser son achat.
Adopter les bons réflexes en famille
Seuls les gros propriétaires bailleurs ayant de nombreux logements à équiper d'un coup et qui auraient été confrontés à des ruptures de stocks se sont vu octroyer un délai, jusqu'au 1er janvier 2016. Ces appareils sont plutôt bon marché : leur prix va de 15 euros pour un modèle de base à 40 euros pour un détecteur doté d'une autonomie de dix ans, celui que préconisent les pompiers. Les détecteurs équipés du wifi, qui envoient une alerte sur le téléphone en cas de fumée, coûtent, eux, plus de cent euros.Ces derniers mois, certains syndics ont proposé aux propriétaires bailleurs dont ils gèrent le bien d'assurer la pose d'un détecteur, en leur facturant jusqu'à
cinq fois le prix de ces appareils dans le commerce. Ces offres, dénoncées comme abusives par l'Association des responsables de copropriété (ARC), sont parfois assorties d'un contrat de garantie ou d'entretien aussi onéreux qu'inutile. Les professionnels, eux, recommandent d'acheter des DAAF portant la marque NF "en plus du marquage CE obligatoire".
Installez un produit "NF"
La vigilance s'impose : l'association de consommateurs UFC-Que Choisir, qui a examiné les performances de 18 détecteurs vendus dans des magasins de bricolage, en a jugé trois non conformes et a demandé leur retrait à la Direction générale de la consommation (DGCCRF). De son côté, la DGCCRF a mis en place un plan de contrôle des appareils vendus ces derniers mois et procédé à des retraits de DAAF non conformes ou dangereux. Une attestation d'installation sur l'honneur doit être envoyée à la compagnie d'assurance. Une lettre-type est souvent fournie avec les appareils. Mais la réglementation ne prévoit aucune sanction en cas de non installation et si un incendie se produit, l'assureur "ne peut se prévaloir du défaut d'installation du détecteur pour s'exonérer de son obligation d'indemniser les dommages", selon les textes officiels.Dans les pays où il a été rendu obligatoire, le DAAF a permis de réduire de près de 60% le nombre de victimes d'incendies domestiques, selon la Fédération française des Métiers de l'incendie (FFMI). Mais le détecteur n'est qu'une alarme: il convient aussi d'adopter les "bons réflexes à avoir en famille" et de les apprendre aux enfants, soulignent les pompiers.