Jugés pour double meurtre sur fond de vendetta, les accusés nient en bloc

"Rien à voir dans cette affaire" : jugés pour le double assassinat de François-Antoine et Jean-Baptiste Mattei sur fond de vendetta entre deux familles corses et grand banditisme, Jean-Fleur Costa et Pierre Federici, ont clamé leur innocence lundi devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône.

Jean-Fleur Costa, 57 ans, éleveur de vaches, et Pierre Federici, 64 ans, gérant d'un pressing à Bastia, ont employé la même formule laconique pour se défendre des accusations de complicité présumée portées contre eux. Troisième accusé le cousin de Pierre Federici, Jean-François, 57 ans, en fuite depuis 2012, est jugé par défaut.

Le 17 février 2011, au pont de Cuccia sur la commune de Corscia, une région montagneuse, François-Antoine Mattei 63 ans, et son cousin Jean-Baptiste Mattei, 43 ans, tombent dans un guet-apens alors qu'ils rentrent du village voisin de Calacuccia. 

Trois ou quatre hommes armés de deux armes de poing, d'un fusil à pompe et d'une Kalachnikov ouvrent un feu nourri sur la Renault Mégane des victimes, ne leur "laissant aucune chance d'en réchapper", selon un enquêteur. 

Les enquêteurs font immédiatement un rapprochement avec des surveillances opérées l'après-midi même par la Brigade de recherches et d'intervention de Bastia dans le cadre d'une affaire distincte.

Compte-rendu Anne-Marie Leccia, Philippe Villaret

Qualifiées par le président de la cour d'assises Pascal Guichard d' "élément déterminant", ces surveillances établissent, selon l'accusation, que Pierre Federici et Jean-Fleur Costa auraient servi de chauffeurs du commando, le premier pour son acheminement à proximité des lieux du crime, le second pour sa fuite.

"Souvent le sang appelle le sang en Corse"

Les enquêteurs présentent ce double assassinat comme l'épisode d'une vendetta qui ensanglante les familles Mattei et Costa depuis des années. "Souvent le sang appelle le sang en Corse et les vengeances se succèdent", a expliqué le capitaine de police Arnaud Davoine, parlant d'une "spirale mortifère".

Le double assassinat des cousins Mattei serait ainsi la riposte à l'exécution, le 5 décembre 2010, de Florian Costa, un jeune homme abattu alors qu'il se garait sur le parking de sa résidence à Biguglia au sud de Bastia. Son bébé de huit mois et sa fillette âgée de cinq ans se trouvaient dans le véhicule au moment des tirs.

Le responsable de l'enquête a égrené une série d'assassinats frappant tour à tour les familles Mattei et Costa dont celui de Maurice Costa, exécuté dans la boucherie de Ponte Leccia (Haute-Corse) le 7 août 2012.

Présenté comme l'un des fondateurs de la bande criminelle La Brise de Mer, Maurice Costa, mis en examen pour l'assassinat des cousins Mattei, venait d'être remis en liberté et portait un bracelet électronique.

Un mois, plus tard, le 11 septembre 2012, Sébastien Mattei, demi-frère de François-Antoine, était à son tour exécuté avec deux jeunes hommes qui avaient été placés en garde à vue dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat de Florian Costa.

Selon l'accusation, la famille Federici se serait associée aux Costa pour venger la mort de Florian Costa, ami d'Augustin Federici, un des deux fils d'Ange-Toussaint Federici. Celui-ci a été condamné à plusieurs reprises pour des braquages puis, en 2012, pour un triple assassinat commis à Marseille sur fond de rivalités entre bandes criminelles marseillaises. 

Identifié lors des surveillances policières du 17 février 2011, son frère Jean-François Federici - en fuite depuis 2012 - est jugé par défaut. Il est représenté par deux avocats. Son empreinte génétique a été relevée sur une cartouche récupérée devant le véhicule des victimes.

Un frère de François-Antoine Mattei - incarcéré à la prison de Borgo pour une affaire d'extorsion - et le père de Jean-Baptiste Mattei qui s'étaient constitués partie civile durant l'instruction ont fait savoir qu'ils se désistaient et ne se présenteront pas devant la cour d'assises.

"J'espère que ce procès sera l'occasion de confirmer que mon fils était un garçon gentil, sans histoires", a cependant écrit Jean-Pasquin Mattei au président.

Tous les membres de la famille Mattei, cités à témoigner devant les jurés d'Aix-en-Provence, manquaient à l'appel à l'ouverture du procès., 
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