4 ans de prison ferme, 50.000 euros d'amende et la confiscation d'une voiture de sport ont été requis mardi 16 mai contre Jacques Mariani, héritier présumé de la bande criminelle corse de La Brise de Mer, jugé par le tribunal correctionnel de Marseille pour la corruption d'un surveillant de prison.
Guillaume Payet, l'agent pénitentiaire de la centrale de Saint-Maur (Indre) où était détenu Jacques Mariani jusqu'en 2013, a reconnu devant le tribunal la remise de sept à huit téléphones portables, de clés 3G et d'une trentaine de bouteilles d'alcool en contrepartie d'une somme totale de 15.000 euros.
#corse procès #Mariani les avocats plaident la relaxe. Délibéré le 22 mai .
— MFrançoise Stefani (@MFStefani) 16 mai 2017
La procureure Sophie Mercier a par ailleurs dénoncé "une insulte faite à sa profession et un comportement particulièrement grave car il a créé un danger au sein de la maison centrale". Elle a requis contre l'agent pénitentiaire Guillaume Payet, deux ans de prison avec sursis, une amende de 20.000 euros et une interdiction définitive d'exercer une fonction publique.
Membre du grand banditisme insulaire, Jacques Mariani, 51 ans, qui purgeait notamment jusqu'en février une condamnation de 15 ans de réclusion pour l'assassinat d'un jeune nationaliste en 2001 à Bastia, a, tout au long de l'instruction, dénoncé un acharnement de la justice contre lui.
"Il ne faut pas inverser les rôles", a rétorqué Mme Mercier. "Vous jugez bien l'acharnement de Jacques Mariani à se maintenir dans l'illégalité et la délinquance pour conserver son influence délétère. Son sentiment de toute-puissance manifeste l'anime toujours".
En liberté conditionnelle et sous surveillance électronique, Jacques Mariani est jugé depuis lundi en son absence, après avoir fait savoir au tribunal qu'il ne s'estimait pas en sécurité à Marseille. La procureure a abandonné les poursuites concernant des faits de blanchiment en bande organisée et de recel d'abus de biens sociaux retenus par le juge d'instruction.
Le délibéré a été fixé au 22 mai à 08h30.
Compte-rendu du procès de J. Mariani
Intervenants : Me Antoine Versini, avocat de Jacques Mariani; Me Antoine Vinier-Orsetti, avocat du notaire radié
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Un réseau de fidèles
Ce procès éclaire également, selon l'accusation, le "réseau de fidèles" prêt à aider Jacques Mariani à récupérer des sommes d'argent, afin de maintenir son train de vie en détention. Entre 2010 et 2013, il aurait depuis sa cellule, par le biais d'un réseau de fidèles, soutiré de l'argent à des restaurateurs.Deux entrepreneurs corses auraient ainsi été sollicités financièrement par Hicham Merzouki, assassiné en septembre 2016, et décrit comme l'un des "factotums" de Jacques Mariani en Corse.
Enfin, Jacques Mariani aurait bénéficié de 700.000 euros hérités de son père, Francis Mariani, pilier du gang de la Brise de mer, tué dans l'explosion d'un hangar en 2009. De l'argent confié à un notaire qui proviendrait des activités du gang. Il aurait notament utilisé cet argent pour offrir un sac de marque à son épouse, d'une valeur de 5.500 euros.
"Cet argent qui effectivement a été, entre guillemets, redistribué, ne constituait aucunement à une opération de blanchiment d'argent mais simplement à une opération de libéralité, de don, de cadeau, puisque celui que je défends était l'un des plus proches de Francis Mariani du temps de son vivant", affirme Me Antoine Vinier-Orsetti, avocat de la défense.
Jacques Mariani nie tout. Il dénonce un acharnement de la justice. Il a passé plus de la moitié de sa vie en prison, condamné pour assassinat, extorsion de fonds ou vol à main armée.