À l'occasion de sa journée mondiale, l'eau serait-elle une ressource en danger en Corse? La dégradation de l'écosytème aquatique et de la qualité des rivières due aux intempéries de l'hiver 2016, entraîne un questionnement des chercheurs sur le stockage des eaux de pluie sur l'île.
L'eau, ressource précieuse, est menacée en Corse. Depuis 1960, les cours d'eau ont perdu 30 % de leur niveau. Au laboratoire scientifique de l'Université de Corse, Antoine Orsini et Christophe Mori étudient l'évolution de l'eau depuis des années.
Les deux chercheurs s'inquiètent des effets du changement climatique et citent l’exemple du Tavignano. Selon leurs observations, l’écart entre le niveau - très bas - de la rivière corse d’avril à octobre et celui - très haut - de la période hivernale, se creuse dangereusement.
Un écosystème fragilisé
Le Tavignano et les autres fleuves subissent ces effets, parfois dévastateurs, comme les inondations de la fin d’année 2016. « C’est l’année typique des conséquences du changement climatique, analyse Antoine Orsini. D’un mois à un autre, vous ne reconnaissez pas les rivières : en septembre vous n’avez pas d’eau, et en octobre, le niveau de l’eau est monté de huit mètres ! »Ces fluctuations ont une influence sur la qualité de l'eau. Pour s'en rendre compte, les deux scientifiques ont étudié la faune aquatique. D’ordinaire, les eaux grouillent d’invertébrés, mais les récentes crues successives ne l'ont pas laissé se régénérer.
« [Leur population] a tendance à diminuer, souligne Christophe Mori. D’un autre côté, la diminution de la quantité d’eau entraîne une concentration des éléments polluants, et une bactériologie qui aura tendance à être négative ».
Permettre l'indépendance hydraulique
Pour préserver la ressource, il faudrait stocker davantage. Et gérer les réserves sur du long terme. Pour cela, l'Office d'équipement hydraulique de Corse (OEHC) dispose de 20 millions d'euros. Sauf qu'il en faudrait 250 millions.« Il en faudrait effectivement dix fois plus pour assurer l’autonomie hydraulique [de la Corse], regrette Xavier Luciani, président de l’organisme. Nous avons besoin de plus de stockage, plus d’interconnexion de façon à rendre moins dépendantes les régions qui sont aujourd’hui dans une situation délicate, notamment l’extrême sud et la Balagne. »
Xavier Luciani se rendra en Sardaigne à la fin du mois, pour peut-être rentrer avec des solutions dans ses bagages.