François Hollande a reconnu ce samedi matin la responsabilité de la France dans l'internement des tsiganes durant la seconde guerre mondiale. Il a rendu hommage à tous ceux qui ont été internés dans des camps, dont la Saline Royale d'Arc-et-Senans.
"Le jour est venu et il fallait que cette vérité fût dite", a déclaré le président français. "La République reconnaît la souffrance des nomades qui ont été internés et admet que sa responsabilité est grande dans ce drame", a-t-il poursuivi lors d'une cérémonie d'hommage, où étaient présents plusieurs survivants. Soixante-dix ans après la libération des derniers Tsiganes internés en France, leurs descendants et les associations attendaient avec émotion une reconnaissance officielle de leurs souffrances.
François Hollande s'est rendu ce samedi 29 octobre à Montreuil-Bellay dans le Maine-et-Loire pour rendre un hommage aux Tsiganes internés par le régime de Vichy et jusqu'en 1946, effectuant la première visite présidentielle sur le site de cet ancien camp d'internement.
A partir de 1940, entre 6 000 et 6 500 tsiganes ont été regroupés dans des camps d'internement. Parmi les 31 sites qui ont abrité ces camps : la Saline Royale d'Arc-et-Senans. 200 personnes y ont séjournés, dont des familles entières.
Un épisode de l'Histoire encore méconnu
En mai 1941, la Feldkommandantur de Besançon décide d'appliquer l'ordonnance du 4 octobre 1940 qui oblige le regroupement des nomades de la zone occupée. Les tsiganes de Franche-Comté sont d'abord rassemblés dans la forêt de Chaux mais les lieux d'hébergements ne sont pas adaptés. Les autorités choisissent finalement d'établir un camp d'internement à la Saline Royale d'Arc-et-Senans le 1er septembre 1941.
En 2005, d'anciens prisonniers ont témoigné devant nos caméras
Une plaque commémorative à la Saline
Il existe peu de documents de cette période. En 1999, une plaque commémorative a été dévoilée en marge d'un colloque réunissant d'anciens internés et des chercheurs.
L'abrogation de la législation d'exception sur les gens du voyage en discussion
Dans son discours, François Hollande est aussi revenu sur la discussion en cours au Parlement du projet de loi Egalité et citoyenneté, émettant l'espoir que la législation d'exception sur les gens du voyage, dénoncée par les associations, soit bientôt abolie. Le député socialiste de Loire-Atlantique et président de la commission nationale consultative des gens du voyage Dominique Raimbourg, a-t-il rappelé, "a proposé l'abrogation de la loi de 1969, dans le cadre du projet de loi Egalité et Citoyenneté. Il en sera, je l'espère, décidé par le Parlement, pour que les gens du voyage n'aient plus ce livret de circulation à produire, pour qu'ils soient des citoyens comme les autres."
Dès 1912, dans le but de les sédentariser, les autorités françaises avaient imposé aux "nomades" un carnet anthropométrique d'identité. Supprimé en 1969, il a été remplacé par des carnets et livrets de circulation que doivent détenir les "gens du voyage" sous peine d'amende, et une obligation de rattachement à une commune.
Outre le chef de l'Etat, assistaient à la cérémonie d'hommage Emmanuelle Cosse, ministre du Logement et de l'Habitat durable, et Jean-Marc Todeschini, secrétaire d'Etat aux Anciens combattants et à la Mémoire. Plus de 500 invités participaient à la cérémonie, dont de nombreux descendants d'internés.
L'Etat avait franchi un premier pas vers la reconnaissance de la participation de la France dans cet internement familial en juillet 2010, par la voix de l'ancien secrétaire aux Anciens combattants Hubert Falco, en l'évoquant lors d'une "Journée nationale de la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l'État français".