La société qui assemble des machines outils pour fabriquer des munitions a été placée en procédure de sauvegarde par le tribunal de grande instance de Mulhouse. Un affrontement tendu entre les deux principaux actionnaires a eu lieu ce mercredi lors de l'assemblée générale annuelle de Manurhin.
Présents dans la salle, l'actuel président du directoire et actionnaire majoritaire de Manurhin, Rémy Thannberger. Face à lui, les représentants des anciens dirigeants de l'entreprise, désormais actionnaires minoritaires à 34%. L'identité de ces derniers demeure cachée, abritée par la société slovaque Delta Défense. Cet anonymat interdirait à la banque publique d'investissement (BPI) de prêter de l'argent à Manurhin, seul fabricant français de machines de munitions. Des fonds nécessaires au financement de la poursuite de son activité.
Dans l'interview qu'il nous a accordée, Rémy Thannberger explique que "le temps est compté", car l'entreprise est placée en procédure de sauvegarde depuis le 7 juin et 120 salariés ont été mis en chômage partiel sur les 175 du site de production mulhousien depuis début juillet. Le chef d'entreprise en appelle à la responsabilité de l'actionnaire minoritaire dont il "ne doute pas de la probité puisqu'il a été autorisé par l'Etat lui même à entrer au capital en 2011". Faux procès, selon les représentants de Delta Defense qui affirment que si la BPI ne prête pas d'argent à Manurhin, c'est parce qu'elle désaprouve la gestion de Rémy Thannberger.
Au milieu de ce dialogue de sourd, il y a les salariés. Ils sont au chômage partiel trois jours par semaine. L'an dernier leur entreprise a perdu trente et un millions d'euros de chiffre d'affaires, une diminution de 50% par rapport à l'exercice 2015. Alors que Manurhin avait été bénéficiaire les trois années précédentes, MR Equipement accuse une perte de 12 millions d'euros pour 2016. "Ils ont été à la gérance de l'entreprise en 2012 et 2013, Delta Defense avait trois personnes sur site constament, (...) que là ils n'arrivent pas à présenter des cartes d'identé, je trouve cela aberrant", déplore Ana Gonzalez, représentante du personnel.
Hors caméra, tous les protagonistes de cette affaire reconnaissent toutefois que Manurhin est trop rentable pour prendre le risque d'une liquidation, et qu'elle survivra à ce bras de fer entre actionnaires. Longtemps célèbre pour ses revolvers qui ont équipé les forces de l'ordre, Manurhin s'est reconvertie à la fin des années 1990 dans les machines de munitions.