Les violences faites aux femmes, c’est le sujet du dernier spectacle de l’humoriste alsacienne Karen Chataîgner. Lors d’une représentation à Strasbourg, nous avons tendu notre micro aux femmes présentes dans le public.
Les langues se délient et les témoignages d’agressions ou de harcèlements sexuels affluent depuis la révélation de l’affaire Weinstein, le célèbre producteur hollywoodien mis en cause par de nombreuses actrices. Pour entendre ces témoignages, pas besoin de se rendre sur la toile ni d’ouvrir un journal. Allez donc poser cette simple question dans la rue : "avez-vous déjà été victime d’agression ou d’harcèlement ?" et vous aurez pléthore de réponses.
Faire rire là où ça fait mal
Les violences faites aux femmes, on peut aussi les dénoncer par le rire. L’artiste et humoriste Karen Chataîgnier en a fait un sujet de prédilection. Son dernier spectacle-conférence les Non perdus était présenté mardi 24 octobre à Strasbourg. Un show créé sur la base de témoignages de femmes victimes.
Les agressions, les stéréotypes, tout y passe pendant près d’une heure, avec la furieuse envie d’en finir avec l’ignorance. Dans le public, des hommes et des femmes pris par le rire avec une pointe d’amertume. Car qui n’a pas vécu, ou qui ne connaît pas untel qui connaît untel qui a vécu une forme d’agression moral ou sexuel ? À la sortie de la représentation nous avons, une de fois de plus, tendu notre micro.
C'est devenu une honte
Sandrine Pelon fait partie de ces femmes qui ont une histoire à raconter. Pas une banale anecdote non. Une histoire, souvent vécue honteusement, passée sous silence, pourtant jamais oubliée. "Ça m’est arrivé quand j’avais 18 ans. Le jour où j’ai passé mon permis de conduire. L’inspecteur m’a posé une première question : madame avez-vous tiré votre coup ce matin ? Je n’ai même pas osé en parler à mes parents, c’est devenu une honte."
Yvette Palatino se dit-elle pour la cause des femmes et combat toute forme de violence. Elle témoigne, encore marquée, d’une tentative de viol qu’elle a osé dénoncer il y a près de trente ans. "J’étais très jeune. Je courais à un cours de danse. On préparait un spectacle. Souvent lorsqu’on est jeune on ne pense pas au mal. On m’a alors proposé de m’emmener en voiture. Je suis montée, et à un moment donné le chauffer a dévié pour aller se garer dans un terrain. L’homme, costaud, a tenté de me violer en me plaquant sur le capot de la voiture. Heureusement j’ai pu m’enfuir et porter plainte. Aujourd’hui, il est temps que les langues se délient et que les femmes osent parler de ce qu’elles subissent. Mais on a encore beaucoup de travail."
Et puis il y a ces expériences du quotidien. Loin d’être des cas isolés. "Il y tout le temps des formes d’agression dans la rue. En pleine journée, la nuit. Je ne rentre jamais sereine le soir quand il fait nuit et que je suis seule, et pourtant j’ai du répondant", relate Valentine Sberro, étudiante, presque fataliste. Le problème principal c’est l’ignorance. "C’est important d’éduquer les gens et en parler, informer."