Sans consigne de vote claire de la part du candidat de la France insoumise, ses sympathisants et partisans sont plus divisés que jamais entre "l'extrême-finance" et "l'extrême-droite" comme les appelle Jean-Luc Mélenchon. Dans l'Oise aussi, les avis des Insoumis divergent.
Dimanche dernier, 7.060.885 personnes ont déposé le bulletin de Jean-Luc Mélenchon dans l'urne. À peine moins d'un votant sur cinq. Pour les deux candidats restants, c'est une précieuse réserve de voix.
Pour les Insoumis, en revanche, c'est un vrai dilemme entre non pas deux, mais trois choix : voter Emmanuel Macron, voter Marine Le Pen ou ne pas voter du tout.
Aucune de ces options ne domine largement les autres : dans un sondage publié ce vendredi 28, l'institut Odoxa indique que seulement 40% des électeurs de Jean-Luc Mélechon voteraient pour Macron, tandis que 41% s'abstiendraient et 19% pencheraient pour Marine Le Pen (contre 11% la semaine dernière)
Une indécision qui s'explique en partie par la réponse tardive Jean-Luc Mélenchon. Le candidat Insoumis, amer le soir du premier tour, n'a pas donné de consigne de vote officielle, mais a publié ce vendredi une vidéo sur sa chaîne YouTube, où le suivent près de 320.000 abonnés.
Le candidat, tout en regrettant sa défaite - "à 620.000 voix près, on était au deuxième tour" - s'insurge qu'on mette en doute ses convictions. "Est-ce qu’il y a une seule personne qui doute que je ne voterai pas Front national ? Tout le monde le sait. Et d’ailleurs parmi les 7 millions de personnes qui ont voté pour moi, je suis quasiment certain qu’il doit y en avoir une partie très résiduelle qui vont voter Front national."
Je ne suis pas un gourou, je ne suis pas un guide
Pour autant, le candidat refuse de donner une consigne précise. "Si je le fais, je vous divise et à quoi ça vous servira ? Vous n’avez pas besoin de moi pour savoir ce que vous avez à faire (...) Je ne suis pas un gourou, je ne suis pas un guide, je suis un responsable politique qui essaie d’éclairer le chemin et de porter la parole des autres."
Cela n'empêche pas la "partie très résiduelle" de pencher pour la candidate du Front national, d'autant plus que celle-ci les cajole. Dans une vidéo également postée ce vendredi, sur Twitter, Marine Le Pen appelle les Insoumis à laisser "les querelles et les divergences de côté" et à "faire barrage à Emmanuel Macron" au second tour de l'élection présidentielle.
Mon appel aux insoumis : faisons barrage à Macron !#DangerMacron pic.twitter.com/N8icI0HrZj
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 28 avril 2017
Ce choix qui divise les électeurs de Jean-Luc Mélenchon sur toute la France se retrouve également en Picardie, où 200.000 électeurs ont voté pour lui. Parmi eux, de nombreux militants et élus de gauche ont déjà fait leur choix : voter contre le FN.
On ne l'a jamais vue dans la rue contre la loi El Khomri
"Au deuxième tour, je voterai contre Le Pen pour l'éliminer, et qu'elle fasse le plus bas score possible et qu'elle soit écrasée, laminée !" tempête Jean-Michel Langlet, militant du PCF à Beauvais depuis 50 ans, avant d'ajouter : "Et on battra Macron aux législatives."
"Il faut qu'elle arrête de venir faire un cirque à l'occasion des élections ! peste également Thierry Aury après la diffusion de la vidéo de la présidente du Front national. "On ne l'a jamais vue dans la rue contre la loi El Khomri, contre les retraites comme nous nous y avons été."
Mardi déjà, la candidate du FN avait considéré que son rival représentait la "France soumise". Des appels du pied dénoncés sur BFMTV par Alexis Corbière, le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon. "Il ne faut pas être piégé par son parler fourbe. C'est des petites manoeuvres électorales, ce n'est pas très digne"
De son côté, Emmanuel Macron n'est pas en reste. Le 25 avril, invité au JT de France 2, le candidat d'"En Marche !" se disait "triste" pour les Insoumis qui "valent beaucoup mieux", évoquant le refus de leur candidat de donner une consigne de vote.
"Il y a des femmes et des hommes engagés que je respecte" a-t-il ajouté, "j'ai toujours respecté les électeurs de tous les bords, qui croient dans le progrès, l'écologie, la question démocratique, qui croient dans un responsable politique qui il y a quinze ans n'avait pas hésité à appeler à faire rempart au Front national."
Après le séisme de 2002, Jean-Luc Mélenchon avait martelé sans ambiguité : "Le 5 mai, il ne faut pas hésiter, mettez des gants si vous voulez, des pinces, mais votez et abaissez le plus bas possible le score de Jean-Marie Le Pen."
Une consultation sur Internet
440.000 militants sont appelés à s'exprimer jusqu'au 2 mai dans une consultation sur le site internet de Jean-Luc Mélenchon.Un questionnaire à trois choix :
- "Je vote blanc ou nul"
- "Je vote Emmanuel Macron"
- "Je m'abstiens"