L'exposition "Toiles de Front" à Odyssud Blagnac retrace l'histoire de ces poilus qui fabriquaient des instruments de musique de fortune pour échapper à l'enfer de leur quotidien.
Comment créer dans des moments tragiques ? Comment jouer de la musique au milieu d’une tranchée, pour tuer l’ennui avant de monter au front pour y tuer l’ennemi ou pour y laisser la vie ?
L’exposition Toile de Front, visible actuellement à Blagnac, nous replonge au cœur de la "Grande Guerre" de 14-18. Elle donne à voir et à entendre l’histoire de ces poilus musiciens qui tentaient de s’échapper de l’enfer grâce à quelques notes produites par des instruments de fortune.
Inspiré par film d’animation "Fire Waltz" de Marc Ménager, l’exposition nous montre l’envers du décor de ce court-métrage réalisé en 2012. Elle offre au visiteur une perspective originale et décalée de la première guerre mondiale… On y croise les figurines et les sculptures utilisées par le réalisateur, on y découvre les décors qu’il a conçus pour restituer l’ambiance des tranchées, ainsi que les dessins originaux de son story-board.
Plus loin, des répliques d’instruments de musique conçus à l’époque par les soldats, bricolés avec des objets de récupération : une gourde en métal et quelques lames d’acier rappellent la "senza" des pays d’Afrique ; un casque trouvé chez un ferrailleur sert de caisse de résonnance à un banjo …
L’auteur du film s’est notamment inspiré de textes, de photos et de cartes postales publiés dans un livre "La Musique au fusil" de Claude Ribouillault (republié récemment) pour concevoir son scénario.
"Le processus de création d’une œuvre est parfois plus intéressant que l’œuvre elle-même", dixit Marc Ménager. Ce plasticien et scénographe dont la compagnie "La Ménagerie" est en résidence permanente à l’Usine de Tournefeuille propose donc dans cette magnifique exposition de visionner ce "Fire Waltz", cette "Valse du Feu", étrange et fascinante, tout en découvrant les coulisses de son tournage.
Il cherche maintenant des financements pour transformer ce film d’animation de 5 minutes en un long-métrage, afin, dit-il de "montrer comment l’on peut faire une œuvre musicale en détournant l’énergie de la guerre".
L'exposition est à voir jusqu’au 22 novembre, à Odyssud à Blagnac.
EN VIDEO / le reportage de Stéphanie Bousquet et Eric Coorevits