L'ONG de protection des écosystèmes marins Sea Shepherd a lancé vendredi au large de Palavas-les-flots, dans l'Hérault sa troisième opération de chasse aux "filets fantômes", abandonnés ou perdus en mer, très nocifs à la flore et à la faune marines.
L'équipe de Sea Shepherd France s'est attaquée ce vendredi dans la matinée à un énorme filet abandonné qui repose entre 22 et 25 mètres de profondeur, au sud de Palavas-les-Flots, sur le site du Coulombray. Le filet avait été repéré mi-juillet par un plongeur.
Un site bien connu des plongeurs, a raconté l'ONG lors d'un point de presse sur le trimaran Brigitte Bardot, ancré au large du Grau-du-Roi (Gard)
"C'est vraiment un cas d'école. Il faut que les pouvoirs publics se saisissent de ce problème. C'est une question de volonté politique", déplore Lamya Essemlali, la présidente de Sea Shepherd France.
Le reportage d'Olivier Brachard et Pierre Trouillet
Une opération de relevage prévue par la DDTM fin septembre
L'opération de relevage de ce vaste filet qualifiée de "complexe et risquée pourrait se dérouler d'ici fin septembre 2017", avait précisé dans un communiqué daté du 17 juillet la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) de l'Hérault.
Trouvant la formulation "vague" et "sans engagement", l'ONG a décidé d'agir elle même en commençant le découpage du filet de chalut. Dans un nouveau communiqué publié vendredi soir, la DDTM 34 "regrette fortement" que Sea Shepherd "n'ait pas attendu que l'opération soit réalisée comme prévue en septembre". S'il y a eu des dégradations, alors "l'Etat se retournera contre l'opérateur pour en rechercher les responsabilités", informe la DDTM.
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— Sea Shepherd France (@SeaShepherdFran) 4 août 2017
Un filet d'une centaine de mètres de long
Selon l'ONG, le filet fait une centaine de mètres de long et environ autant de large. Sur toute sa surface, il a "écrasé la flore" et "détruit toute la faune", dans un secteur d'habitat de congres et langoustes, classé zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique et située à proximité d'une zone Natura 2000, précise Corto, qui dirige l'opération sous ce pseudonyme.
Le navire pollueur était probablement en train de braconner, dit l'ONG et aurait pu être identifié par les autorités depuis les premiers signalements remontant à septembre 2016.
"Une enquête est en cours pour identifier le propriétaire du filet même si cela reste difficile malgré les différents systèmes d'identification et de suivi des navires de pêche", affirme la DDTM.
Il faudra "de multiples plongées" et "au moins une semaine" selon la météo, pour achever de découper le filet, précise Corto, qui espère que les services de l'Etat récupéreront le filet pour le recycler.
A défaut, prévient-il, le filet encombrant et malodorant sera déposé sur le port de Palavas. "L'Etat rappelle que ce dépôt d'un déchet industriel banal, nécessite des autorisations et une filière de traitement spécifique", dit la DDTM. "Si ces modalités devaient ne pas être respectées par Sea Shepherd", l'Etat fera appel à un organisme agréé, annonce-t-elle.
D'autres opérations de chasse aux filets fantômes prévues à l'étranger
Sea Shepherd prévoit de mener la "chasse aux filets fantômes" à Marseille, au Maroc et en Espagne pendant deux mois, dans le cadre de cette opération Mare Nostrum 3.
Les deux années précédentes, ses plongeurs volontaires ont retiré plusieurs kilomètres de filets abandonnés ou perdus en mer et plusieurs tonnes de déchets plastiques et de pneus.