La nouvelle majorité UMP-écologiste de Villejuif a décidé de débaptiser la place Georges Marchais. Elle portera le nom de Georges Mathé, un célèbre cancérologue de l'hôpital Paul-Brousse décédé en 2010. Liliane, la veuve de l'ex-n°1 du PCF qualifie l'initiative de «lamentable».
Le parvis Georges-Marchais de Villejuif (Val-de-Marne), inaugurée en 2013 par la municipalité communiste va devenir parvis Georges-Mathé (un grand cancérologue), une décision de la nouvelle équipe municipale dirigée par le maire UMP, Franck Le Bohellec.
"La décision politique d'honorer un grand savant français était plus intéressante que l'approche de Georges Marchais, qui nous posait des problèmes idéologiques", a expliqué Edouard Obadia, membre de l'UDI (centre-droit) et premier adjoint au maire.
Selon M. Obadia, l'ancien secrétaire général du PCF (1972-1994) et député de la première circonscription du Val-de-Marne (1973-1997), dont dépend Villejuif, est "un personnage controversé", "resté silencieux pendant" le Printemps de Prague et qui avait parlé en 1979 de "bilan globalement positif" à propos des pays de l'Est - avant de nuancer ses propos en 1995.
Le PCF a taxé vendredi dans un communiqué la nouvelle municipalité d'"anticommunisme primaire digne des pires heures de la guerre froide".
.«Lamentable», a également soupiré Liliane Marchais, la veuve du militant toujours installée à Champigny-sur-Marne. «C’est à lui que l’on doit le métro à Villejuif. Il a beaucoup fait, avec Mathé d’ailleurs, pour la recherche médicale et l’institut de cancérologie Gustave-Roussy.» «enlever une plaque ne suffira pas à réécrire l’Histoire, affirme également son fils, Olivier Marchais. Ce qui se passe est grave, et la préfecture doit réagir !»
Le parvis Georges-Marchais longe l'hôpital Paul-Brousse de Villejuif, où le cancérologue et immunologue Georges Mathé, décédé en 2010 à l'âge de 88 ans, a accompli presque toute sa carrière.
Le lieu avait été baptisé du nom de l'ancien dirigeant communiste par l'ancien maire PCF Claudine Cordillot en mai 2013.
Cette dernière avait été battue en 2014 par une coalition "citoyenne" bleu-rose-vert menée par le maire divers droite Franck Le Bohellec, soutenu par l'UMP. Villejuif était gérée par le Parti communiste depuis 1925.
"Avec 89 années de communisme sur la ville, on a vu prospérer les noms" de rues liées aux figures de gauche, estime Edouard Obadia, citant les rues Karl-Marx, Lénine ou Karl-Liebknecht. "L'alternance permet d'éviter ce genre de bloc monolithique".
La municipalité a, selon lui, décidé de renommer, lors d'un vote le 17 décembre, le parvis du nom de Georges Mathé, "du fait de sa notoriété, qu'il travaillait
là et que c'est un immense savant français".
Le Pr Mathé avait fondé en 1961 l'Institut du cancer et d'immunogénétique (ICIG), qu'il a dirigé jusqu'en 1990. Pour ses travaux sur les leucémies et sa contribution à l'immunologie, notamment par l'utilisation du BCG, il a obtenu en 1994 le prix Léopold-Griffuel, récompense prestigieuse en France dans la domaine de la cancérologie.