Anne Hidalgo veut une loi sur l'accueil des migrants et leur intégration

La maire de Paris, Anne Hidalgo, plaide en faveur d'une loi sur l'accueil des migrants et l'intégration des réfugiés. Elle propose des pistes de travail "clé en main", allant de la hausse des moyens financiers à la mise en place d'une agence dédiée.

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Anne Hidalgo a choisi de présenter un texte d'une dizaine de pages pour "préparer un projet de loi, loi d'orientation et de programmation pour l'accueil des migrants humanitaires et pour une politique nationale d'intégration". Ce texte est envoyé aux parlementaires et au gouvernement quelques jours avant que celui-ci n'annonce la semaine prochaine, des mesures sur l'asile et la lutte contre l'immigration irrégulière.

Or cette annonce du gouvernement est très attendue des associations qui s'inquiètent de la dichotomie clairement établie par les nouveaux dirigeants entre "réfugiés" et "migrants économiques".


#Une démarche très politique

C'est donc une démarche très politique dans laquelle s'engage ce jeudi 6 juillet, la maire de Paris. Un geste politique qui montre aussi quelle place Anne Hidalgo entend désormais occuper face à Emmanuel Macron et à son gouvernement.

Partant du constat que "malgré les efforts engagés, la situation actuelle reste celle d'une forte crise", le texte d'Anne Hidalgo veut "jeter les premières bases" d'un "projet global, cohérent et ambitieux", avec trois axes: accueil des migrants, politique d'intégration, et refonte des structures de pilotage.


La première partie du texte vise à "apporter une réponse solidaire et efficace à l'urgence migratoire", avec comme mesure phare une "répartition organisée des migrants sur l'ensemble du territoire", en fonction de critères démographiques et économiques. Cet accueil se ferait "en s'inspirant d'expériences locales comme celle du centre de premier accueil humanitaire ouvert en 2016 à Paris", ajoute le texte, qui propose aussi un "Fonds d'accueil d'urgence des migrants humanitaires" doté de 10 millions d'euros par an pour répondre "aux situations d'afflux".


La deuxième partie du texte aborde "la construction d'une politique d'intégration dans la durée" en ramenant à six mois, contre neuf actuellement, le délai à l'issue duquel un demandeur d'asile est autorisé à travailler.

Anne Hidalgo plaide pour "une programmation sur cinq ans" des moyens nécessaires: le nombre de places en centre d'accueil des demandeurs d'asile (Cada) augmenterait ainsi de 50.000 places en 2018 à 75.000 à l'horizon 2022, avec un budget passant de 316 à 406 millions d'euros sur la même période. Une hausse serait aussi prévue pour les moyens dédiés aux formations linguistiques et civiques (de 32 millions en 2018 à 40 millions en 2022).

Enfin, troisième volet, la redéfinition même de l'organisation institutionnelle. "La politique de l'intégration doit être interministérielle, car elle ne peut se restreindre à la gestion de l'immigration sous l'angle de l'ordre public", estime le texte, "et partenariale, en impliquant l'État, les collectivités territoriales, les associations et les initiatives citoyennes".
Le texte envisage donc "une Agence de l'accueil et de l'intégration, placée sous la responsabilité d'un Haut-Commissaire dépendant de l'autorité du Premier ministre".


La maire de Paris vient donc de déposer délicatement une grosse pierre dans le jardin du gouvernement, et par la même occasion de rappeler qu'elle entend bien être présente et compter, dans les années à venir, dans le débat politique français.


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