Fausse agression aux Restos du Coeur de Montreuil : 6 mois requis contre le gérant

Face au tribunal de Bobigny, un gérant bénévole des Restos du coeur de Montreuil, que tout accuse d'avoir inventé une agression islamiste à la hache est resté jeudi "droit dans ses bottes".

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Décontracté voire arrogant malgré les éléments à charge égrénés par la présidente, cet ex-cuisinier de 59 ans, fringant en dépit une invalidité à 79% due à un accident de la route, a maintenu sans ciller sa version des faits. "Le seule chose qui me chagrine, c'est que les gens qui m'ont agressé sont toujours en liberté."

Le 1er juillet, vers 07H00, un couple - homme de 25-30 ans de type africain, femme voilée "assez enrobée" dont "seuls les yeux apparaissent" - fait irruption dans les locaux de l'association à Montreuil, en Seine-Saint-Denis, d'après son récit. L'homme tente de lui planter une hache dans la tête en criant "Allah Akbar". Il le neutralise grâce à un coup de genoux entre les jambes, puis s'empare d'un manche à balai pour écarter la femme, qui parvient à lui enfoncer un couteau à steak dans le flanc. Le couple prend la fuite.

Une fois l'alerte donnée par les pompiers, c'est le branle-bas de combat. Le "protocole attentat" est déclenché par la justice et la police antiterroriste est saisie.

Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, fait part de sa "plus vive indignation" et adresse un "message de solidarité et d'encouragement à l'ensemble des bénévoles des Restos du coeur".


Pourtant, au terme d'une enquête "colossale", aucune trace du couple d'agresseurs, qu'aucun des innombrables témoins interrogés (chauffeurs de bus, ouvriers, voisins) n'a vu. Pas plus que du manche à balai qui aurait servi à ce grand-père pour se défendre. Sur la hache, un seul ADN: celui de la femme du prévenu.

 "Digne d'un film d'action" 

Autre élément troublant, la lettre de menace reçue quelques mois plus tôt -"Sale franc-maçon, on va te tuer chien d'infidèle qui refuse d'aider nos frères musulmans"- a été écrite de sa main, selon un graphologue.

"Ce n'est pas moi qui l'ai écrite", dit sans s'énerver celui dont l'expertise psychologique n'est "pas celle d'un affabulateur", selon le tribunal.

"Aucun élément de sa version n'a pu être vérifié" car "ça ne s'est pas passé", tranche la représentante du parquet qui requiert six mois de prison, la peine maximale prévue par le code pénal pour "dénonciation de crime ou délit imaginaire".

A ses yeux, la scène décrite par le prévenu est "digne d'un film d'action": "avec quelqu'un d'handicapé à 79%, ça n'existe pas, ça n'est pas possible".

"Soutenir une version imaginée devant des policiers, puis un tribunal, c'est manquer de respect à toutes les victimes d'attentat. Leur voler leur souffrance. Et contribuer à créer une ère du soupçon", s'émeut la magistrate.

Réponse de l'avocat du bénévole: "Ce n'est pas parce que l'enquête n'a pas permis d'identifier les auteurs que l'agression n'a pas existé". "Il se serait mutilé pour attirer l'attention sur lui? Ce n'est pas crédible", ajoute Me Jean-Louis Granata, qui demande la relaxe.

Le prévenu a quant à lui une thèse sur son agression: "Pour moi, ce n'est pas un attentat, mais une agression banale. Si ça avait été un attentat fait par des gens compétents, je ne serais plus là."

Et la magistrate de rétorquer: "Je vous le confirme".

Le jugement sera rendu le 15 juin.
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