Radio Elvis : des rockeurs originaires des Deux-Sèvres à la conquête des grands espaces

Difficile, pour les jeunes groupes faisant du rock en français, d'échapper aux références parfois encombrantes à Bashung, Dominique A ou Noir Désir. Le trio Radio Elvis relève joliment le défi avec un premier album regardant vers les grands espaces.

Aux Francofolies de La Rochelle, l'été dernier, Radio Elvis avait démontré son potentiel en se produisant dans trois formules différentes: sur une scène annexe dévolue aux découvertes d'abord, en acoustique dans une chapelle ensuite puis en première partie de Johnny Hallyday sur la grande scène, devant 12.000 personnes venues principalement pour la star du jour.


Le chanteur Pierre Guénard, boucle d'oreille et lunettes de jeune étudiant, a conçu Radio Elvis comme un projet solo avant d'inviter à bord le batteur/claviériste Colin Russeil, ex-camarade de lycée à Parthenay (Deux-Sèvres) "monté" comme lui à Paris, et le bassiste Manu Ralambo.

En trois ans et demi d'existence, les trois ont appris à composer ensemble et ont pris le temps de se roder avec des dizaines de concerts et l'enregistrement de deux mini-albums comprenant d'élégantes chansons rock les plaçant illico dans le sillage d'un Dominique A ou d'un Alain Bashung.

Avec son premier "vrai" album, "Les Conquêtes" (PIAS), disque riche en nuances qui paraît vendredi, Radio Elvis réussit à prendre un peu ses distances avec ces références parfois un peu paralysantes. Sur des textes invitant au voyage "dans les pas d'un cyclone", entre espaces désertiques, grand large océanique ou pyramides, les musiques alternent tensions électriques et synthétiques ("La route", "Les moissons", "Bleu Nuit") et moments de relâchement plus épurés ("Au loin les Pyramides", "Caravanserail").

A l'école du slam

Pierre Guénard, formé à l'école du slam, revendique son goût pour une "écriture automatique, parfois en prose", faite de juxtaposition d'images et de "symboles", sans forcément de trame narrative explicite. Avec un goût assumé pour les références littéraires de la part d'un groupe qui a glissé dans le livret de son album une phrase tirée de "Terre des hommes" d'Antoine de Saint-Exupéry.

L'épique morceau final de près de 14 minutes ("Au large du Brésil/Le continent") résume l'univers de ce jeune groupe. Il a été enregistré en une seule prise, tel que le groupe le joue sur scène, avec l'envie de faire un clin d'oeil au morceau-fleuve des Doors, "The End", ou à "L'Europe", titre de 23 minutes concluant le dernier album studio de Noir Désir paru en 2001.

Au sein de la jeune scène rock française, celle des Fauve, Feu! Chatterton, Grand Blanc ou Bagarre, Radio Elvis cultive un look de cousin élégant, pondéré, avec la tête un peu ailleurs.
Au-delà d'un goût partagé pour la langue française, le point commun de tous ces groupes serait de s'éloigner de la traditionnelle chanson française pour puiser leurs influences musicales un peu partout dans le monde, estime le batteur Colin Russeil, pour qui les Canadiens d'Arcade Fire ou l'Australien Nick Cave sont autant des références que le rock français.

Radio Elvis repart en tournée samedi avec notamment des concerts à la Maroquinerie, à Paris, le 6 avril puis au Printemps de Bourges le 14 avril ou encore le 7 mai à Thouars (79) au Conservatoire de Musique et de Danse.
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