Hautes-Alpes : les avalanches évoluent avec le climat

600 communes sont exposées aux avalanches en France mais il n'y a plus eu de morts ou blessés en zone habitée et aménagée depuis 2000. L'observation des avalanches montre qu'avec le changement climatique ces phénomènes deviennent plus complexes dans leurs évolutions et leurs prévisions.

Elles effraient le commun des mortels mais les chercheurs de l'Irstea ont les yeux qui brillent à l'évocation des avalanches. Phénomènes qu'ils n'ont pas fini d'explorer car le changement climatique les rend toujours plus complexes. L'Institut national de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture (Irstea) décortique ces phénomènes polymorphes, de la microstructure du grain de neige à l'avalanche grandeur nature, depuis 45 ans. Soit juste après la mort de 39 personnes dans un centre de vacances à Val d'Isère (Savoie) et la prise de conscience de la nécessité de se protéger.

Plans de prévention des risques


Aujourd'hui, 600 communes sont exposées aux avalanches en France et elles ont provoqué une trentaine de décès en moyenne sur les dernières années, surtout des
skieurs et des randonneurs, mais plus aucun en zone habitée et aménagée depuis 2000. Notamment grâce à la mise en place des PPR, "ces plans de prévention des risques qui découpent les territoires en zones en fonction du risque : rouge (fort, non constructible), bleu (moyen) et blanc (faible)", explique Mohamed Naaim, directeur de recherche de l'unité sur les avalanches (Etna) au sein de l'Irstea.

Conséquences du réchauffement climatique


De nombreux ouvrages ont également été déployés soit pour "neutraliser la zone de départ de l'avalanche avec des râteliers, claies et autres filets ; soit pour contenir la fin de la coulée avec des tas freineurs, des digues de déviation ou d'arrêt, voire des constructions permettant de faire passer la neige au-dessus des routes", détaille M. Naaim.
Mais les risques émergents sont liés au réchauffement climatique: "si les températures sont restées stables jusqu'aux années 1980, on connaît depuis une augmentation significative", souligne M. Naaim.

"Les Alpes enregistrent +2°C depuis 120 ans", abonde Emmanuel Thibert, qui travaille sur les glaciers et de potentielles avalanches de glace, en particulier au Taconnaz. Ce glacier majestueux surplombe la vallée de Chamonix et la "route Blanche" très fréquentée qui mène au Tunnel du Mont Blanc.
Cette hausse du thermomètre entraîne-t-elle plus ou moins d'avalanches ? "Statistiquement, rien ne ressort, on est dans la fourchette d'incertitude", répond Didier Richerd, chef de l'unité Etna. "En revanche, l'évolution repérable est à ce qu'elles descendent moins loin, elles s'approchent moins des vallées et de leurs infrastructures ou bâtiments", ajoute M. Richard.

Plusieurs types d'avalanche


"Mais le risque ne diminue pas pour autant car ce sont des moyennes et ce qui fait le risque, ce sont les extrêmes", insiste-t-il, d'autant que la nature des coulées change, avec une augmentation des avalanches de neige humide par rapport à celles de neige froide qui peuvent se coupler avec des nuages aérosols impressionnants.
"Avant les avalanches humides survenaient au printemps, étaient liées à la fonte et concernaient des manteaux neigeux amoindris. Maintenant elles peuvent se produire en pleine saison hivernale et donc charrier des volumes de neige beaucoup plus importants, qui vont descendre plus bas dans les vallées", poursuit M. Richard.

Toutefois, la dernière grosse avalanche meurtrière en France qui avait fait 12 morts et détruit 17 chalets en 1999 à Montroc-Chamonix (Haute-Savoie) était une avalanche de neige froide. Les chercheurs travaillent donc à établir des modélisations qui puissent s'approcher le plus possible de la réalité et aider les pouvoirs publics à adapter leurs ouvrages de protection.

Des algorithmes pour comprendre ces phénomènes


Pour ce faire, l'Irstea croise les données recueillies par des algorithmes moulinés parfois durant des semaines sur ordinateurs, avec celles des expériences en laboratoire et, enfin, celles recueillies sur le terrain.
L'Irstea dispose en effet, à l'instar d'autres instituts de recherche en Suisse ou au Japon, de deux sites d'étude, en Haute-Savoie et dans les Hautes-Alpes, où ont été installés des instruments de mesures de pression, de vitesse, des compteurs de particules, des anémomètres, des appareils photos, etc.

Dans le couloir majestueux du Taconnaz, il faut attendre que les avalanches se produisent naturellement avec les chutes de séracs du glacier. Au col du Lautaret, sous la crête de Chaillol, les avalanches sont en revanche déclenchées dans deux couloirs prévus à cet effet.
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