Sanofi Pasteur va dénoncer l'ensemble des accords sur l'organisation du travail en vigueur pour ses 6.400 salariés français, qui bénéficient actuellement de 21 jours de RTT, pour améliorer sa productivité.
La division vaccins du géant pharmaceutique a annoncé cette semaine aux salariés son intention de dénoncer plus d'une quarantaine d'accords, dans l'objectif de négocier un nouveau cadre social.
"Sanofi prône le dialogue social mais commence par mettre un poing dans la gueule de ses salariés en dénonçant les accords", s'est indigné Thierry Bodin, coordinateur CGT du groupe.
"Concrètement, ils ont dit vouloir nous supprimer 9 RTT pour passer à 12" et "pour l'instant ils ne parlent pas de compensation salariale donc cela revient à baisser le salaire horaire", rapporte Laurent Biessy, représentant du syndicat sur le site de Marcy l'Etoile. Selon lui, l'entreprise veut également "favoriser l'annualisation des heures, une flexibilité accrue, bref des gens corvéables" et agite un "chantage à l'emploi inacceptable : vous acceptez de revoir les accords ou on investit à l'étranger".
Pour capter jusqu'à 500 millions d'euros d'investissements d'ici à trois ans pour les sites français et la croissance du marché des vaccins, "on doit améliorer notre capacité à produire plus" et la multiplicité d'accords est source de "complexité et de rigidité", explique un porte-parole de la division vaccins.
"On est super bons en France sur le plan des compétences techniques et des niveaux de conformité mais en matière de la performance de production, on part avec des handicaps par rapport à nos autres sites et nos concurrents", argue-t-il. Selon des comparaisons établies par l'entreprise, les salariés français travailleraient autour de 1.500 heures par an, contre environ 1.700 heures pour leurs collègues américains et canadiens, qui n'ont eux pas de RTT.
Sanofi Pasteur comptait fin juin 6.400 salariés, répartis essentiellement sur trois sites de production : Marcy l'Etoile (3.700) et Neuville-sur-Saône (250) dans le Rhône, ainsi qu'au Val de Reuil (2.000), en Haute-Normandie.
Une première information sera donnée aux représentants du personnel le 9 décembre, ouvrant un délai de consultation de trois mois. A défaut d'accord de substitution négocié avec les syndicats, les accords seront caducs en juin 2017 et la convention collective de branche s'appliquera.
Le groupe avait déjà lancé fin septembre des négociations dans sa filiale de production, pharmaceutique SWI dans le but d'améliorer la productivité de 20-25% au moyen de "différents leviers possibles: aménagement du temps de travail dans le cadre des 35 heures, polyvalence et polycompétence".