Le procès de 14 personnes accusées de trafic de drogue en République dominicaine, dont quatre Français (un Isérois) encourant 20 ans de prison, doit se conclure ce vendredi 14 août, après une ultime prise de parole de l’accusation. Et ce, plus de deux ans après les faits.
«Le procès est suspendu et reprendra vendredi», a déclaré jeudi la présidente du tribunal, Giselle Méndez, alors que la conclusion était attendue ce jeudi.
L’audience a été convoquée à 09H00 (15H00, heure française) vendredi et la présidente a demandé aux parties d’être «ponctuelles» afin qu’ensuite «le tribunal se retire pour délibérer et puisse prendre une décision à une heure décente». Mercredi, la défense des quatre Français, dont deux pilotes d’avion, a demandé leur acquittement. Leur avocate, Me Maria Elena Gratereaux, a estimé qu’aucun lien n’avait pu être établi entre eux et la cargaison de 680 kilos de cocaïne découverte dans la nuit du 19 au 20 mars 2013 à bord du Falcon-50 dans lequel ils se trouvaient, prêts à décoller de Punta Cana (est) vers le sud de la France.
"Nous demandons l'acquittement de Bruno Odos et Pascal Fauret"
«Nous demandons l’acquittement des pilotes Bruno Odos et Pascal Jean Fauret car on ne peut leur imputer aucun fait» illégal, a plaidé leur avocate. Les deux hommes clament depuis le début de la procédure que s’agissant, selon eux, d’un vol commercial ils n’avaient pas la responsabilité des bagages chargés à bord de leur avion.Deux experts en droit aérien français sont venus à la barre témoigner en ce sens au cours du procès, ouvert le 29 mai dernier après une série de reports et suspensions. Selon Me Andy de Leon, défenseur de Nicolas Pisapia, passager de l’appareil, le ministère public n’a pas été en mesure de prouver que son client connaissait le contenu des 26 valises pleines de cocaïne saisies dans l’avion. M. Pisapia a indiqué qu’il demanderait la parole à l’audience du lendemain.
Quant au quatrième occupant de l’appareil, l’homme d’affaires Alain Castany, il assure qu’il s’agissait d’un vol charter à caractère commercial. Lui-même travaille pour la compagnie ayant affrété l’avion et n’a, lui non plus, aucun lien avec la cargaison de drogue. Selon l’accusation, les valises ont été introduites secrètement sur le tarmac par un trou réalisé dans le grillage entourant les pistes.
D’autres vols suspects
Vendredi dernier, le procureur Milciades Guzman avait requis 20 ans de prison à l’encontre des quatre Français et d’un agent de la police antidrogue dominicaine. Il avait ensuite demandé des peines plus légères pour trois autres accusés et l’acquittement des six derniers. Dans la foulée de l’opération policière du 19 mars 2013, une quarantaine de personnes - agents des douanes, de la police et des services de sécurité aéroportuaires - avait été arrêtée. La majorité d’entre elles ont été relâchées au fil des mois.Actuellement jugés en comparution libre, mais interdits de quitter le territoire dominicain, les accusés ont passé 15 mois en détention provisoire en quartier de haute sécurité. En France, une enquête a également été ouverte après l’interception de l’avion en République dominicaine. Mais les gendarmes avaient été mis dès janvier 2013 sur la piste de comportements suspects» de passagers d’un Falcon 50 ayant atterri un mois plus tôt à Saint-Tropez (sud-est).
Le 9 décembre 2012, un douanier en poste à Toulon (sud-est), soupçonné aujourd’hui de complicité, était allé accueillir l’avion, avec à son bord Pascal Fauret, Bruno Odos et Nicolas Pisapia. Il avait fait rentrer sur le tarmac deux véhicules qui avaient emporté 10 valises déchargées de l’appareil. Selon l’enquête, deux autres déchargements identiques avaient eu lieu en 2012 et un autre était prévu le 18 mars 2013.
Mais la défense des Français a fait feu de tout bois pour que ces faits ne soient pas utilisés par l’accusation dans le procès de Saint-Domingue. Depuis 2008, au moins trois françaises ont fait des séjours dans les geôles dominicaines, toutes affirmant que la drogue trouvée dans leurs bagages y avait été introduite à leur insu. Elles ont toutes aujourd’hui recouvré la liberté, après parfois plusieurs années de détention.