Les Suisses vont voter, ce dimanche 9 février, sur une proposition de limitation de l'immigration, un sujet cher au parti UDC, la droite populiste, dont l'issue incertaine pourrait être lourde de conséquences pour les relations entre la Suisse et l'Europe.
"J'appelle les Suisses à voter avec leur tête et non pas avec leurs tripes", a lancé le ministre de l'économie Johann Schneider-Amman, à l'intention des Suisses romands, une région qui doit sa prospérité à une forte présence d'Européens et de frontaliers. Mais selon un sondage réalisé fin janvier, 43% voteront "oui" pour une limitation de l'immigration, avec le rétablissement de quotas, alors qu'ils n'étaient que 37% début janvier. 50% ont répondu qu'ils allaient voter "non". Toute la question est de savoir ce que feront les 7% d'indécis, qui feront pencher la balance d'un côté ou de l'autre.
Depuis l'entrée en vigueur en 2002 des accords de libre-circulation de l'UE avec la Suisse, quelque 80.000 ressortissants de l'UE se sont installés tous les ans en Suisse, pour y vivre en famille et travailler, soit dix fois plus que les projections du gouvernement.
Cette immigration massive est "la cause de tous les maux en Suisse", selon l'UDC, le premier parti du pays, qui dénonce pèle-mêle la pénurie des logements, des transports en commun bondés, un bétonnage des paysages et une dégradation de la qualité de vie dans le pays. Le gouvernement répond que c'est faux, et que cette immigration massive a été l'une des composantes de la croissance économique insolente de la Suisse, par rapport à ses voisins européens. En outre, ajoutent les autorités, le taux de chômage reste faible en Suisse, avec 3,5% en moyenne.
Reportage Ariane Combes-Savary et Serge Worreth