Guerre d'usure à l'assemblée nationale autour du projet de loi sur le mariage homosexuel. L'opposition a demandé, en vain, de limiter les cas d'adoption aux seuls couples hétérosexuels.
Les députés, réunis dimanche en séance de nuit après tout un week-end de travail, ont longuement discuté de la question de l'adoption puisque le projet de loi sur le mariage homosexuel ouvre à la fois le mariage et l'adoption aux personnes de même sexe, l'opposition se livrant à une véritable guerre d'usure.
En vain, l'opposition a présenté des amendements demandant notamment à limiter les cas d'adoption des couples mariés aux seuls couples hétérosexuels. "Tout enfant a droit à un père et une mère, en particulier s'il a subi la perte de ses parents", ont plaidé de très nombreux députés de l'opposition.
Christian Jacob, président des députés UMP a rappelé que si son groupe est "opposé au mariage homosexuel c'est parce qu'il génère le droit à l'adoption".
"Nous avons proposé l'alliance civile qui accordait tous les droits du mariage et permettait de ne pas toucher à la filiation (...) en acceptant l'adoption par les couples homosexuels, on ouvre la voie à la PMA et à la GPA", a-t-il répété.
Les députés de l'opposition se sont livrés toute la soirée à une guerre d'usure, prenant la parole un à un sur cette question de l'adoption.
Guillaume Larrivé (UMP) a présenté un sous amendement demandant que la loi prévoie expressément qu'aucun quota ne pourra être mis en place pour favoriser les adoptions par des couples de même sexe.
La Garde des sceaux Christiane Taubira a affirmé qu'il n'était nullement question que la loi réserve un certain nombre d'enfants aux couples homosexuels. "Pas plus qu'il n'existe, dans le texte, de droit à l'enfant", a-t-elle dit en réponse aux inquiétudes d'un certain nombre de députés de droite.
Hervé Mariton (UMP) a affirmé "nous ne méconnaissons pas les accidents de la vie et la solidarité qu'il faut développer à ces moments là mais il n'y a pas tant d'enfants à adopter et il vaut mieux qu'ils le soient par des parents hétérosexuels".
Philippe Vitel (UMP) a fait remarquer qu'avec "700 enfants à adopter en France alors qu'il y a 25.000 demandes et une adoption internationale qui se ferme...il vaut mieux réserver l'adoption aux pères et aux mères".
Clergeau a rétorqué à l'opposition : "tous vos arguments sont dépassés,l'adoption existe aussi pour les célibataires, les familles homoparentales existent et la loi servira surtout au parent conjoint d'adopter un enfant".
Quant à la ministre déléguée à la famille Dominique Bertinotti, elle a jugé tous ces amendements "discriminatoires puisqu'il s'agit, dans le projet, d'accorder les mêmes droits à toutes les familles".