Dans une interview accordée depuis sa prison à nos confrères du JDD, Christophe Khider, l'un des deux évadés de Moulins, raconte son obsession de la cavale, mais pas seulement. Un témoignage choc sur son parcours, sa détention, ses évasions et son avenir.
Jeudi dernier, les assises du Rhône ont condamné Christophe Khider et son complice, Omar Top El Hadj à 15 ans de réclusion criminelle pour leur évasion à l'explosif de la centrale de Moulins en 2009. Une peine qui vient se cumuler aux autres. Pour Khider, récidiviste de l'évasion libérable en ... 2052, cela ne change pas grand chose. "Je vais peut-être vous étonner, mais j'étais content. Quinze ans, vingt ans, trente ans… Alors que j'ai une cinquantaine d'années à faire, ça n'a aucun sens," rétorque-t-il au journaliste du JDD qui l'interroge par téléphone au lendemain de sa condamnation.
Dans cet entretien fleuve, il revient sur sa condamnation, la prochaine libération de ses complices féminines, condamnées à 5 ans de prison mais libérables d'ici 10 jours. Christophe khider s'exprime aussi sur l'évasion de Redoine Faïd, si semblable à la sienne : "Au début, j'entends que plusieurs portes ont pété. Le mec, il avait une arme. Des coups de feu tirés. Alors j'ai dit "copycat". Puis, quand j'ai entendu que c'était Redoine, que j'ai croisé en détention, j'étais très content pour lui…"
Une évasion toujours d'actualité alors que sa cavale à lui n'aura duré que 36 heures. Ce qui ne l'empêche pas d'y croire toujours. De croire à un ailleurs possible. De croire à une évasion réussie, quitte à devenir beaucoup plus violent, quitte à tout risquer, quitte à tout perdre. "Si j'avais été plus méchant – pas obligatoirement tuer mais mettre tout de suite une rafale dans les jambes, ouvrir la tête à coups de crosse, montrer à ceux qui sont là qu'il y a un danger létal immédiat –, je sais que je serais déjà dehors".
Le témoignage de Christophe Khider ne se limite d'ailleurs pas à son propre cas. Alors que le procès de son évasion est fini, il revient inlassablement sur ce procès des prisons et des conditions de détention qu'il aurait tellement aimé voir. "Pas mal de mecs sont désespérés et sont prêts à passer à l'acte dans la violence. Après dix ans de sarkozysme, les peines sont toujours plus lourdes. Et comme la sécurité dans les prisons devient extrême, le gars qui va s'évader va prendre tous les risques. Je sais que moi, quoi qu'il arrive, je ne lâcherai pas mon arme, je ne les laisserai pas me ramener, en tout cas pas sans combattre…".
L'intégralité de l'interview accordée à Stéphane Joahny est à retrouver sur le site du JDD.