Le diéthylstilboestrol (DES), molécule commercialisée notamment sous le nom Distilbène®, a été prescrit en France aux femmes enceintes des années 50 à 1977 pour prévenir les fausses-couches. Quels sont les effets pour les enfants et les petits-enfants des femmes traitées avec cette hormone ?
Stérilité, malformations génitales, cancers ...
Cette hormone de synthèse est accusée d'être à l'origine de malformations génitales (déformations de l'utérus, des trompes...) chez les filles exposées au diéthylstilboestrol lors de la grossesse de leur mère. Parmi les autres problèmes de santé rencontrés par les quelque 80 000 "filles DES" : cancers du col de l'utérus et du vagin, infertilité, graves difficultés de reproduction, ménopause précoce, complications de grossesses (grossesse extra-utérine, fausse couche, accouchement prématuré...etc).
Les garçons exposés in utero à l'hormone de synthèse n'ont pas été épargnés. Certains présentent des anomalies génitales comme la cryptorchidie (absence de descente d'un ou deux testicules dans les bourses à la naissance), une hypotrophie des testicules ou un hypospadias (orifice urinaire sous le pénis). Faut-il redouter des effets pour la 3ème génération ?
En 2006, une étude américaine avait conclu que les "filles distilbène" présentaient en outre un risque accru de développer un cancer du sein à partir de l'âge de 40 ans. Elle a été contredite par une étude néerlandaise. Aujourd’hui une enquête lancée en France veut trancher le débat. Elle est la première à s'intéresser à trois générations.
Une enquête pour évaluer les risques de cancer du sein
Mi-avril, cette étude sur trois générations a été lancée pour évaluer les conséquences de la prise de DES, et surtout le risque de développer un cancer du sein chez les filles DES. Cette enquête, subventionnée par l'Agence Nationale de Sécurité du Médicament, a été lancée par le réseau DES France et la Mutualité française. Toutes les mères traitées, leurs enfants exposés in utero au diéthylstilboestrol ainsi que leurs petits-enfants sont appelés à participer à cette étude nationale grâce à un questionnaire anonyme en ligne (www.des-etude3generations.org). Pour permettre les comparaisons avec un groupe témoin, les femmes âgées de 36 à 63 ans non exposées à la molécule in utero sont également invitées à répondre massivement au questionnaire anonyme proposé sur le site.
Un mois après le lancement de l'enquête : opération sensibilisation à Lyon
L'association cherche des volontaires pour mener à bien cette étude comparative. Dimanche 16 juin, le Réseau D.E.S France organisait un pique-nique au parc de la Tête d’Or. Le reportage ci-dessous...
Interdite aux femmes enceintes aux Etats-Unis dès 1971, cette hormone féminine a été prescrite jusqu'en 1977 en France pendant la grossesse pour prévenir les fausses couches. Ainsi dans l'Hexagone, au moins 200 000 femmes auraient été traitées et près de 160 000 bébés ont été exposés à la molécule dans le ventre de leur mère.
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