Alors que le tribunal de commerce de Lyon devait auditionner mercredi, une dernière fois, les deux candidats à la reprise de Kem One, l'industriel Alain de Krassny et Open Gate Capital, le fond d'investissement, ont proposé de fusionner leur offres. Nouvelle et -vraiment- ultime audience vendredi.
D'un côté, il y avait l'industriel Alain de Krassny, chimiste et propriétaire du groupe autrichien Donau Chemie, de l'autre un fonds d'investissement : Open Gate Capital. Tous les deux disposaient de deux projets de reprise très similaires, avec chacun leurs inconvénients.
Côté Open Gate, le projet souffre forcément du "précédent" Gary Klesch, le financier dont les salariés gardent un souvenir amer. Décrit comme quelqu'un de hautain et colérique, il n'avait, selon l'intersyndicale, montré qu'un intérêt de façade pour l'activité industrielle vynilique. Aujourd'hui, les financiers d'Open Gate jurent qu'ils sont différents, et qu'ils comptent investir fortement pour développer l'activité et revendre d'ici cinq à sept ans.
En face, Alain de Krassny, avec son sourire affable à le mérite d'investir ses propres deniers, et d'être lui-même un professionnel de la chimie. Il se targue même d'avoir redressé Donau Chemie en Autriche, et avoir l'ambition de faire de même en France avec Kem One. Le hic, c'est l'âge du capitaine, 72 ans, qui pose clairement la question de la pérennité de l'investissement. Et même s'il dit avoir pris des dispositions pour le passage de témoin en Autriche, on peut comprendre la méfiance des salariés.
Un investissement à part égale
Sauf qu'en proposant la fusion des projets lors de la dernière journée d'audience, les deux ex-adversaires pourraient bien gommer leur handicaps respectifs : le savoir faire d'un industriel, la vision financière d'un groupe déjà acteur dans de nombreux pans de l'économie : publicité, aluminium, équipement de laboratoires, papier. La répartition du capital se ferait à parts égales, tandis que la tête de l'entité chimique serait dévolue à Alain de Krassny, qui deviendrait donc PDG.Pour mieux comprendre les enjeux de la nouvelle proposition et sa faisabilité, le tribunal a ordonné une suspension de séance. Les acteurs du dossiers (repreneurs, syndicats et administrateur judiciaire) en ont profiter pour tenir un Comité Central d'Entreprise informel dans les couloirs du tribunal.
Le CCE sera consulté en urgence jeudi
Le CCE doit obligatoirement être consulté pour tout plan de reprise. Il l'avait été mercredi matin, mais sur la base d'informations incomplètes (le projet de fusion n'était pas connu à ce moment-là). Il le sera de nouveau jeudi pour prendre connaissance très précisément des éléments finaux. L'ultime étape, c'est vendredi matin pour une dernière audience et un délibéré dans la journée.Pas de report possible, les caisses de Kem One ne permettent pas de prolongation d'activité au delà de la fin d'année. Vendredi sera donc le jour de tous les dangers pour les 1300 salariés.