Le premier jour du procès d'Aline Moléro, jugé devant les assises de la Loire pour avoir tué son bébé de six mois d'une douzaine de coups de couteau en 2012, a fait apparaître les difficultés relationnelles de cette femme de 32 ans à la personnalité complexe.
Compte rendu de Catherine Dol et Vincent Diguat de notre rédaction locale de F3 Loire.
"Mademoiselle Moléro était une enfant difficile et avait des difficultés scolaires", se souvient son demi-frère Tristan, qui a vécu avec elle jusqu'à l'âge de dix ans. Ce gendarme souligne le tempérament "lunatique" de l'accusée, qui manqua un CAP de restauration puis un BEP de comptabilité, pour s'orienter vers l'intérim et des ménages.
Marielle Moléro, 35 ans, agent SNCF, explique pour sa part avoir eu peu de choses en commun avec sa jeune soeur, avec laquelle elle ne s'entendait "pas forcément bien".
Son état psychique se dégrade pendant la grossesse
Tous deux soulignent que ses fréquentations laissaient à désirer, ajoutant avoir accueilli avec soulagement sa relation nouée en 2009 avec Sébastien Campoy, un fonctionnaire des finances publiques de six ans son aîné. Le père du nourrisson décédé, prénommé Amelio.
Mais l'état psychique de la jeune femme, qui s'était dégradé avec la grossesse difficile de son premier enfant, Kevin, né polyhandicapé, a continué à interroger certains membres de son entourage. A la demande de son compagnon, la jeune femme avait consulté une dizaine de fois un psychiatre qui avait rien diagnostiqué d'inquiétant, en 2011.
Egalement entendue comme témoin lundi, la mère de l'accusée a fait part de sa colère d'avoir appris "seulement après les faits" l'existence du dispositif d'hospitalisation à la demande d'un tiers.
Désarroi de la mère
Elle a aussi évoqué le désarroi qui était le sien en entendant, quelques jours avant le drame, sa fille Aline pleurer abondamment, "alors qu'elle ne le faisait
jamais, même quand sa grand-mère est morte et lorsque son père a été gravement blessé". Parmi les autres interrogations jamais élucidées, sa fille ne voulait pas profiter du droit de visite et de garde accordé à son père, après la séparation de ses parents lorsqu'elle avait quatre ans.
Les différents témoins notent toutefois qu'elle s'occupait bien de son premier enfant, placé durant la semaine dans un institut médico-éducatif, alors qu'elle était seule depuis sa séparation d'avec le père, schizophrène.
Le nourrisson poignardé à mort
Après sa rupture avec Sébastien Campoy cette fois, en septembre 2011, elle a semble-t-il craint de perdre le petit Amélio. Mais la mère d'Aline a dit ne pas comprendre comment sa fille a pu en arriver à poignarder à mort "cet enfant en bonne santé qu'elle attendait depuis dix ans".
"Peut-être parce qu'il lui prenait l'amour de son père", s'est aventurée la psychiatre Eliane Daligand. Cette experte judiciaire a souligné que l'accusée qui, selon elle, "ne présente pas de risque de récidive, sauf si elle a un autre enfant", a exprimé "une forme de calme et de sérénité" à la suite de son geste meurtrier.
Interrogée par le président de la cour, Thierry Léon, Aline Moléro a quant à elle évoqué la violence de son compagnon, ainsi que des soupçons d'infidélité qui auraient été alimentés par une de ses soeurs. Le verdict est attendu jeudi.