Depuis 2009, l'association pour adultes et jeunes handicapés de Prémilhat, près de Montluçon, est victime d'un mystérieux corbeau qui envoie des lettres anonymes à plusieurs salariés, et en particulier à 3 d'origine maghrébine. Le procureur de Montluçon confirme que l'enquête se poursuit.
"Laisse ta place à une Française qui saurait mieux faire que toi. Tu n'es pas française, tu devrais rester à ta place." "Tu as l'air d'avoir peur et c'est tout à fait ce que je veux pour vous faire partir. Fais attention tu ne fais pas le poids.". Voilà juste un court extrait d'une des 500 lettres reçues par les salariés de l'APAJH de Prémilhat, près de Montluçon, depuis bientôt 5 ans. Cinq-cents lettres à caractère raciste et menaçantes envoyées à 3 salariées d'origine maghrébine et des lettres incitant à la haine et au racisme destinées aux salariés dont les noms auraient une consonance française. "Pas de soutien pour les arabes, sinon je ferais plus de mal la prochaine fois"A travers ces lettres, le corbeau reproche à trois salariées d'origine maghrébine de travailler dans l'établissement. Leurs collègues et la direction ont également reçu de nombreuses lettres. Pour Djema Maréchal, salariée victime du corbeau, ce la ne fait aucun doute. "Cette personne là, elle est là, elle est à l'intérieur. Dans quel corps de métier travaille-t-elle, je ne sais pasn mais si elle est à l'éducatif, c'est réellement grave. Elle connaît trop de choses, elle rentre en pleine nuit dans l'institution, elle se permet de taguer donc c'est évident qu'elle est là. Maintenant, suspecter ... On est quand même plus de 100 personnes, donc ..." Sa collègue, Cécile Nore, aide médico-psychologique, confirme le malaise. "On devient complètement parano, on en est le soir à se coucher et à ruminer en se demandant qui ça peut être mais ce n'est pas notre boulot de trouver qui est le coupable."
Depuis 5 ans, l'enquête ne donne quasi rien ce qui frustre de plus en plus les employés victimes de ce corbeau.Début mars, un tag raciste a même été retrouvé sur un mur de l'établissement. Faute d'avoir trouvé le coupable, l'affaire a été classée sans suite par le parquet de Montluçon. Mais le procureur Eric Camous assure que l'enquête préliminaire se poursuit. "Les personnes placées en garde à vue, les perquisitions réalisées n'ont pas permis la découverte d'éléments confondants. Mais la police est saisie et poursuit ses investigations."
Pour Jean-Louis Borie, l'avocat désigné par le syndicat Sud de l'APAJH, seul le lancement d'une information judiciaire pourra faire avancer l'enquête. Une information judiciaire avait déjà été ouverte en 2009, puis clôturée en 2012, par une ordonnance de non-lieu. L'auteur des lettres risque jusqu'à 5 ans d'emprisonnement et 75000 euros d'amende.
Reportage : Sébastien Kerroux, Christian Darneuville. Intervenants : Djema Maréchal (Salariée victime du corbeau), Cécile Nore (Aide Médico Psychologique à l'APAJH de Prémilhat), Eric Camous (Procureur de la République de Montluçon), Me Jean-Louis Borie (Avocat du syndicat Sud de l'APAJH)