"Ce n'est pas le fils que j'ai élevé": le père du jeune Matthieu, actuellement rejugé à huis clos devant la cour d'assises de Riom pour l'assassinat et le viol d'Agnès Marin, retrouvée brûlée en novembre 2011 en Haute-Loire, a parlé pour la première fois à la presse depuis le drame.
L'accusé, âgé de 20 ans, comparaît en appel jusqu'au 10 octobre devant la cour d'assises de Riom (Puy-de-Dôme) après avoir été condamné à la perpétuité
en juin 2013 au Puy-en-Velay, décision rarissime pour le mineur qu'il était au moment des faits. Lors du premier procès, il s'était enfermé dans le mutisme le
plus complet, mais il a livré ces derniers jours de nouveaux éléments sur ses actes, avec froideur et détachement.
"Ses propos me font peur", a confié le père de Matthieu, mardi, en marge de l'audience. "Il lui a fallu trois ans pour amorcer un processus où il commence à dire des choses. A nous, il avait très, très peu parlé. Ce n'était pas faute de l'avoir sollicité". Pourquoi de tels actes? "On cherche tous les jours, tout le temps, on ne trouve pas. On a beau regarder les photos, retracer toute sa vie pour voir si quelque chose nous a échappé mais non, rien", a ajouté cet homme d'une quarantaine d'années.
C'est peut-être difficile à entendre mais c'était un enfant adorable, qui nous semblait très intelligent, très curieux de tout, très ouvert. -Père de Matthieu
"Il n'y avait aucun signe, si ce n'est que c'est un gamin qui avait tous les +dys+: dysorthographie, dyspraxie, etc., qui nous a posé des soucis scolairement parlant, mais c'est tout". Le père, très ému, s'exprime "pour essayer de montrer une autre image" de son fils, "au-delà des faits ignobles qu'il a commis (...): c'est peut-être difficile à entendre mais c'était un enfant adorable, qui nous semblait très intelligent, très curieux de tout, très ouvert".
Le 18 novembre 2011, le corps carbonisé d'Agnès Marin, 13 ans, élève de troisième au collège-lycée Cévenol, établissement privé du Chambon-sur-Lignon, avait été retrouvé dans une forêt sur les indications de Matthieu, placé en garde à vue la veille. Outre des violences sexuelles, l'autopsie avait révélé 17 coups de couteau.
Non seulement on est tombés de haut, mais on n'a rien compris. -Père de Matthieu
La découverte que Matthieu avait auparavant violé, sous la contrainte d'un couteau, une jeune fille de 15 ans en août 2010, dans le Gard, fut pour lui et sa femme "un coup de massue". "Non seulement on est tombés de haut, mais on n'a rien compris. Pour Matthieu, à cette période-là, tout allait bien. Il avait une petite copine, ça se passait bien, il semblait très amoureux. Il passait en Première, c'était les vacances, on partait avec des amis." Certes, "il était introverti mais des ados introvertis, vous en croiserez certainement autour de Riom. C'était un ado qui, on le savait, avait fumé quelques joints, qui portait une casquette à clous, et perçait ses jeans. Mais là aussi, vous en rencontrez des millions", a poursuivi le père.
Les parents de Matthieu demandent aujourd'hui que leur fils, "qui est malade", bénéficie d'une injonction de soins. Requise en première instance par le ministère public, elle n'avait pas été ordonnée lors du verdict. "On veut surtout que Matthieu n'ait jamais la possibilité de reproduire ce qu'il a fait. L'enfermement à vie pour nous ne solutionnait rien. On n'attend pas qu'il passe Noël avec nous, mais effectivement qu'il soit pris en charge pour être soigné à vie."