Les agriculteurs ont prévu une démonstration de force, ce jeudi 3 septembre, et promettent de bloquer Paris avec des tracteurs venus de toute la France pour exprimer leur désespoir face à l'effondrement des cours et demander des réformes de fond. 60 isérois participeront à la manifestation.
Cette manifestation, à l'appel du puissant syndicat agricole FNSEA et des JA (Jeunes agriculteurs), reflète le malaise exprimé cet été par les éleveurs français (lait, viande bovine et porcine) qui ont vu les prix de leurs productions chuter au point de mettre en danger leurs exploitations.
La FNSEA et les JA ont lancé un appel à la mobilisation des paysans, issus de toutes les productions, à venir manifester le 3 septembre à Paris, après environ 500 actions menées tout l'été à travers le territoire, rappellent les deux organisations.
Une délégation d'une centaine d'agriculteurs se rendra par ailleurs, ce jeudi matin, à l'Assemblée nationale pour remettre aux députés les "demandes et doléances d'un monde paysan, d'un monde rural au bord de l'explosion et qui attend beaucoup de ses représentants nationaux", écrivent les deux présidents nationaux, Xavier Beulin (FNSEA) et Thomas Diemer (JA) dans un courrier adressé aux députés.
Toute l'agriculture française sera donc représentée, des céréaliers aux planteurs de betteraves, confrontés à la chute des prix du sucre dans l'Union, mais les éleveurs comptent particulièrement profiter de ce rassemblement pour se faire entendre.
Un plan jugé "insuffisant"
La FNSEA réclame du concret pour que l'agriculture française ne "parte pas en liquidation". "Au-delà de l'urgence, nous voulons une véritable ambition pour l'agriculture française, pas une solution miracle mais un ensemble de décisions courageuses pour sortir les paysans du marasme", insiste-t-il, jugeant que le plan de soutien à l'élevage présenté par le gouvernement "est insuffisant".Le gouvernement a annoncé, le 22 juillet, un plan d'urgence pour les éleveurs de 600 millions d'euros, dont 100 millions d'annulations de charges et cotisations et 500 millions de reports. Mais, le monde agricole, au-delà de mesures de court-terme pour faire face aux trésoreries exsangues, réclame aussi une "pause" dans l'empilement réglementaire et normatif qui plombe les producteurs français au profit de leurs concurrents européens.
Xavier Beulin souhaite un moratoire d'un an sur toute nouvelle disposition réglementaire. "Quand la France va au-delà de la norme européenne, il est temps de se poser les bonnes questions", répète-t-il.
Le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, a déjà indiqué que "des annonces seraient faites le 3 septembre", sans plus de détails. Mais il souligne aussi que la crise est liée à un excédent de production sur le marché européen dû à l'embargo russe, pour le porc, ou à un excédent mondial, pour le lait, et qu'il faut donc agir au niveau communautaire. M. Le Foll a d'ailleurs demandé la réunion d'un conseil européen extraordinaire des ministres de l'Agriculture, le 7 septembre.
Les syndicats agricoles ont déjà prévu une autre mobilisation ce jour-là à Bruxelles. La Confédération paysanne (3e syndicat en représentation, marqué à gauche) y sera aussi, mais elle a refusé de s'associer aux mouvements des syndicats majoritaires et organisera ses propres actions en régions.