Cette année, pour la première fois à Grenoble, la prière de l'Aïd el-Fitr s'est tenue dans un stade de rugby. Un peu étrange. Heureusement, dès l'aurore, le soleil était au rendez-vous et quelque 10.000 fidèles également.
Dans la nuit, les bénévoles s'activent. Il faut que tout soit près pour 6 heures, lorsque les fidèles arriveront. Des kilomètres de tapis sont déroulés en travers du stade, sur la pelouse encore humide. Au final, les trois quarts du terrain sont recouverts. Les organisateurs attendent beaucoup de monde.
Reportage de Jean-Christophe Pain et Jordan Guéant
Contrairement aux années précédentes, l'Aïd el-Fitr, la célébration de la fin du Ramadan, ne se déroule pas au parc événementiel Alpexpo, mais dans un stade de rugby. Les avis sont partagés, mais la météo étant de leur côté, les musulmans sont venus en nombre assister à la prière de l'Imam, but de ce mois de jeûne qui s'achève. "Après ce mois de privation, il ne faut pas redevenir celui qu'on était avant. Vous êtes différents, repentis, vous devez avoir le coeur sain lorsque vous vous présenterez devant Allah", justifie l'Imam. Comme l'année dernière, ce sont environ 10.000 fidèles qui ont écouté ces conseils au lever du soleil, à l'aube d'une nouvelle année musulmane.
La fin du ramadan dans un stade, ce qu'ils en pensent:
"Habituellement, je n'aime pas vraiment quand il y a du monde, j'évite les mosquées de Grenoble et je vais plutôt aux petites salles de prière, à La Villeneuve. Mais pour l'Aïd, c'est différent, je fais le déplacement, c'est un jour important. Je fais le Ramadan depuis trois ans et je préférais quand l'Aïd avait lieu à Alpexpo. C'était plus hygiénique, ici on met les tapis à même le sol, sur l'herbe, c'est pas terrible je trouve."
"Je préférais quand c'était au Centre des Expos. Déjà parce que c'est une sacrée mise en place tous ces tapis à dérouler sur l'herbe, j'y suis depuis 5 heures du matin, mais aussi car j'aime mieux lorsque l'Aïd se déroule dans un lieu confiné. Ici, on est trop dépendants du temps. Les mosquées nous ont prévenus qu'en cas de pluie, chacun devait se débrouiller et trouver une mosquée mais, vu notre nombre, elles auraient été vite engorgées. Heureusement, Allah est avec nous, il fait beau!"
"Moi je préfère que ça se passe ici, à l'air libre, c'est plus agréable, on voit les montagnes, le ciel bleu. C'est plus grand aussi, on est moins agglutinés les uns contre les autres."
"Je vis assez mal le refus d'Alpexpo de nous accueillir cette année. Soit disant, c'est un problème de calendrier, mais depuis que je suis petite, l'Aïd a lieu là-bas, ils le savent bien, c'est toujours à la même période. Dans le climat islamophobe qu'on connaît aujourd'hui, j'ai l'impression qu'on nous pousse un peu dehors."
Le moment du grand pardon
Pendant trois jours, les musulmans vont célébrer la fin du jeûne avec des festins et des présents donnés aux enfants. Aïcha, 58 ans, rentre préparer des gâteaux et des crêpes: "C'est l'occasion de passer du temps en famille mais avant, on va tous au cimetière, rendre hommage à nos morts".L'occasion aussi de demander pardon. Fatima, ne sait pas trop son âge, mais par contre, elle sait qu'elle n'a rien à se faire pardonner: "Certaines personnes vont venir me voir pour s'excuser et je pardonnerai. On doit passer l'éponge, c'est comme ça."
L'Aïd el-Fitr est également le moment où les fidèles donnent aux pauvres un impôt obligatoire appelé Zakat el-Fitr, 5 euros par personne, l'équivalent grosso modo d'un repas. Sofia habite Genève depuis six ans mais rentre en famille pour l'occasion et aide à l'organisation de l'Aïd en tenant la caisse. Elle explique "On ne vérifie pas qui donne où non. La religion nous demande de le faire après cela appartient à la conscience de chacun."