C'est une véritable épidémie! Depuis le début de l'automne, les maisons fissurées se comptent par centaine dans le département de l'Ain, particulièrement en Bresse. La sécheresse des terrains y est évidemment pour quelque chose.
Le village de Jasseron, au pied du Revermont. C'est là qu'Heidy Verweij-Macret, néerlandaise d'origine, a posé ses valises avec son époux, Dominique. C'était il y a 20 ans.
En quelques semaines, leur coin de paradis s'est métamorphosé. Leur belle maison, de la fin des années 60, se fissure de toute part. C'est comme si le premier étage se dissociait du rez-de-chaussée, qu'il glissait inexorablement. Des étais tentent de sécuriser la bâtisse, "mais on ne sait même pas si ça sert à quelque chose, ça nous rassure, c'est tout".
A l'intérieur, les fentes sont aussi visibles.
"On a entendu des claquements quand ça a commencé", explique Heydey, encore étonnée de la rapidité avec laquelle les petites fissures sont devenues fentes.
On sait maintenant que la maison a été construite sur de l'argile, comme c'est le cas un peu partout dans l'Ain. Avec la sécheresse, la matière s'est rétractée, comme une éponge asséchée. C'est ainsi que le terrain a bougé, et la demeure avec.
Reportage Franck Grassaud et Marie-Lou Robert
Le phénomène est très inquiétant. En quelques semaines, les maisons fissurées se multiplient entre Bresse et Revermont.
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©France 3
Les Macret ne sont pas les seuls dans le secteur à souffrir des mouvements du sol. Le couple est même bien placé pour savoir qu'une grande partie de l'Ain est touchée. Des courriers garnis de photos arrivent chaque jour à Jasseron. Heidy est devenue référente locale de l'association "Les oubliés de la canicule". Une structure née dans le Jura, en 2003, alors que la France vivait au rythme de la chaleur et des premières fissures. A l'époque, elle a pu bénéficier de 10 millions d'euros de travaux pour les victimes.
"Surtout, il faut que les personnes qui découvrent des fissures aillent faire un signalement à leur maire. Il faut le pousser à remplir le formulaire de déclaration pour enclencher la demande de catastrophe naturelle. Sans ça, les assurances ne font rien", insiste Heidy. Pour sa maison, réparer les dégâts coûtera près de 200.000 euros!
Contact: lesoubliesdelacanicule01@gmail.com
Des appartements évacués
A une trentaine de kilomètres de là, le maire de Coligny a déjà 26 dossiers sur son bureau. Il a même dû prendre un arrêté de péril imminent pour faire évacuer six personnes qui vivaient dans les 4 appartements de l'ancienne gendarmerie. Le bâtiment est en train de s'ouvrir, comme un portefeuille. "On a une partie posée sur les caves qui n'a pas l'air de bouger, mais l'arrière s'effondre", explique Bruno Raffin. La route départementale, qui passe à côté, a aussi été déviée dans un sens. "Je suis natif d'ici, je n'ai jamais vu ça!", se désole le premier magistrat.