Le Saint-Siège refuse l'assignation en justice d'un prédateur sexuel qui demande réparation après avoir été lui-même abusé par un prêtre pédophile. Abusé à l'âge de 11 ans, la victime estime que l'Eglise a protégé son agresseur.
Nous l'appellerons "Antoine". Il a 67 ans et vit dans l'Ain. Abusé à 11 ans par l'aumônier d'un collège de Bourg-en-Bresse qu'il considérait comme son père, il réclame justice au St Siège, qu'il estime responsable de sa propre dérive pédophile. Il estime que l'Eglise a couvert à l'époque les agissements du prêtre qui l'a perverti, enfant . Le prêtre a pu échapper à toute poursuite judiciaire. Il aurait été caché en Suisse pendant un certain nombre d'années, selon l'avocat d' "Antoine", Me Emmanuel Ludot.
Parvenu à l'âge adulte, Antoine a reproduit plus tard sur des adolescents les agressions qu'il avait subies lui-même dans sa prime jeunesse. Il est condamné à plusieurs reprises pour abus sexuels. Il fait condamner le prêtre-agresseur en 2015. En psychothérapie, il dira qu'il a alors été programmé dans sa déviance. Sa vie professionnelle s'en trouve détruite. Il a perdu son travail et tout lien familial avec sa femme et ses trois enfants.
"Antoine" demande maintenant des comptes au Saint-Siège, la représentation diplomatique et religieuse du Vatican. Il veut obtenir la réparation du préjudice qu'il a subi. Une assignation en justice en bonne et dûe forme a été adressée au Vatican, qui l'a retournée à l'expéditeur.
Me Ludot va réclamer 50 000 euros de dommages et intérêts au St Siège devant le tribunal correctionnel de Bourg-en-Bresse. "Antoine" veut aller jusqu'au bout de la procédure judiciaire : "Le plus important, dit-il, ce n'est pas tant ce qui m'est arrivé mais ce qui est arrivé aux autres"
Le reportage de Sylvie Cozzolino et Sylvie Adam :