Le repas à la française est classé à l'Unesco depuis 2010. Et si l'une de ses composantes, la volaille de Bresse, recevait la même distinction ? A quelques jours du fameux concours des Glorieuses de Bresse, faisons le point sur le dossier de demande de classement.
Des plumes blanches, une crête rouge, des pattes bleues et un jour peut-être une auréole prestigieuse : celle de l'inscription au patrimoine immatériel de l'Unesco. Décidément, la volaille de Bresse ne fait rien comme les poules ordinaires.
Un premier dossier déposé en 2022
L'idée de décrocher la timbale Unesco trotte dans les têtes des amoureux de la star des volailles depuis plusieurs années. Déjà en 2021, une association d'éleveurs, d'amateurs et de personnalités avaient initié ce projet pour défendre au niveau planétaire le caractère d'exception de la volaille bressane. Désormais, une nouvelle mouture du dossier est déposée depuis quelques mois auprès des instances de l'Unesco. Et sa constitution est un travail de titan.
"Evidemment que cette volaille mérite ce Graal puisque c'est la meilleure du monde !" s'enthousiasme Kathy Raclot-Marchois, du comité "Volabresco" qui porte le projet. "Dans ce dossier, on raconte l'histoire de la volaille de Bresse, le territoire, le travail des femmes, les qualités gustatives, la mise en valeur par les plus grands cuisiniers du monde... C'est un produit extraordinaire mais il est accessible à tout le monde".
Il faut dire que le poulet de Bresse a été le premier (et longtemps l'unique) gallinacé de France à bénéficier d'une AOP, Appellation d'Origine Protégée depuis 1998, sur un territoire mouchoir de poche entre les départements de l'Ain au sud, de la Saône-et-Loire au nord et du Jura à l'est.
Quelque 170 élevages y produisent chaque année près d'un million de volatiles élevés en plein air. Poulets, poulardes ou chapons, chaque bête connaît un destin différent mais toujours marqué du sceau du prestige volailler. La volaille de Bresse trône depuis très longtemps sur toutes les tables françaises les plus raffinées, chez les particuliers comme chez les étoilés.
Une assurance-vie éternelle pour la volaille de Bresse
Qu'apporterait donc de plus à la poule blanche une inscription au patrimoine immatériel de l'Unesco ? Une renommée mondiale, pardi ! Et une sorte d'assurance-vie éternelle, garantissant à la bestiole de concours que le savoir-faire unique de ses éleveurs serait en quelque sorte protégé. Une inscription au patrimoine mondial pourrait sans doute aussi susciter des vocations dans une profession difficile que les jeunes désertent.
Pour le chef étoilé bressan Georges Blanc, fervent défenseur de la belle emplumée, "la volaille de Bresse, c'est un savoir-faire unique et le valoriser par une reconnaissance de cette nature serait le meilleur moyen de le sauvegarder. Je soutiens à fond le collectif qui a initié ce projet, c'est un travail colossal mais on va y arriver !"
Curieusement, ce sont les femmes qui ont longtemps assumé la production des volailles dans les fermes. Leurs gestes ont créé des œuvres d'art gastronomiques à la graisse roulée. Une graisse que l'on fait rouler à la main sous la peau de la poule afin de la répartir harmonieusement, avant d'emmailloter la belle dans une pièce de jute blanc...
Patrimoine immatériel et expression de l'excellence française ? La volaille de Bresse porte sur elle les couleurs du drapeau français, comme un étendard à défendre.
Cela dit, l'éventuel classement au patrimoine mondial de l'Unesco va quand même prendre du temps. Mais moins qu'il n'en faut aux poules pour avoir des dents...