C'est la période de reproduction des crapauds. Une période où ces amphibiens se lancent à corps perdu dans la recherche d'un étang. Mais le point d'eau est souvent de l'autre côté de la route. Dans l'Ain, on a dénombré 130 lieux d'écrasement potentiels. 4 sont surveillés cette année par la LPO.
Rendez-vous en mars, à la nuit tombée, au hameau "Les Hôpitaux", le mal nommé! Sur le bitume, il y a déjà des corps de crapauds écrasés. Sale temps pour ces amphibiens qui descendent de la montagne afin d'aller se reproduire dans un petit lac, et terminent finalement sous les roues d'une voiture!
Ce triste sort n'a pas laissé insensible la LPO. Un chargé de mission est dédié aux amphibiens. Francisque Bullifon installe chaque année des filets pour stopper net ces voyages nocturnes qui finissent mal, en général. Avec des bénévoles, il occupe ensuite ses débuts de soirée à la collecte des crapauds piégés au pied de la forêt. "On en a déjà récupéré plus de 1000 ici en quelques semaines", explique-t-il sur le bord de la RD1504, à La Burbanche. Et c'est ainsi que ses protégés traversent la chaussée dans un seau, avant d'être relâchés dans l'étang d'en face.
Reportage Franck Grassaud et Aude Henry
L'opération ne dure que quelques jours, car une fois la reproduction effectuée, les crapauds n'ont qu'une seule idée en tête, remonter dans la montagne. Et là, c'est de nouveau le drame! Les filets les empêchent de regagner les bois. Ils meurent aussi sur le goudron.
L'initiative pourrait paraître complètement farfelue, il n'en est rien. Le crapaud commun est protégé par un arrêté du 22 juillet 1993 et par la convention de Berne. Cette espèce est en effet classée parmi les espèces "à surveiller". Son avenir est compté si on ne fait rien. Cette année, le Département de l'Ain a donc débloqué 10.000 euros pour financer les filets.