Dans l'agglomération de Bourg-en-Bresse, la rocade Sud-Est avance à grand pas. Elle doit été livrée l'été prochain. Il ne reste que quelques centaines de mètres d'enrobé à poser. Des mètres "polémiques". Sur le tracé, il y a encore un commerce en activité, un magasin d'engins de jardinage.
Qui a raison? Qui a tort? A coups de témoignages dans le presse et de réponses sur les réseaux sociaux, l'expropriation du magasin "Rhône Alpes Motoculture" de Montagnat, -à l'entrée Sud de Bourg-en-Bresse-, est devenue "l'affaire" du moment en Bresse. Le résultat est là, une dizaine de salariés se retrouvent au chômage, leur entreprise sera liquidée fin mars, certains sont déjà licenciés.
Une destinée malheureuse sur fond d'opposition récente entre le patron de cette société et le président de la Communauté d'Agglomération du bassin de Bourg-en-Bresse.
Regrettable, quand on sait que le projet de la rocade Sud-Est est connu depuis... 10 ans!
Stéphane Ansel, -qui dit n'en avoir eu connaissance qu'en 2013-, avoue avoir dégainé un peu tard pour trouver une autre implantation à son magasin. "J'ai d'abord cherché des locaux existants, pendant plusieurs années, et je n'ai rien trouvé d'intéressant. Faut dire que notre implantation actuelle, à l'entrée de Bourg, est particulièrement exposée, ça fait 40 ans que c'est profitable à l'entreprise", explique-t-il.
Reportage Franck Grassaud, Didier Le Pape et Jean-Marc Nouck-Nouck
Le commerce de Stéphane Ansel est pile sur le tracé du contournement Sud-Est de Bourg-en-Bresse.
On y vend des engins de jardinage depuis 40 ans, mais l'expropriation se précise.
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©France 3
Sans issue
Il y a 2 ans, quand Jean-François Debat a pris la tête de l'Agglomération, le cas de l'entreprise est devenu un dossier prioritaire. L'élu a pris conscience de l'urgence, pour tenir la promesse d'une rocade Sud-Est ouverte dès l'été 2019. Une proposition de terrain a été faite, non loin de la future rocade, près de l'usine Renault Trucks. Pour le patron, l'emplacement convenait. "J'ai fait pour 130.000 euros d'études, mais aujourd'hui je ne peux qu'abandonner", détaille Stéphane Ansel.
Ce qui a visiblement posé problème à ses Banques, ce sont les pénalités inscrites sur le protocole d'accord: 1000 euros par jour de retard, en cas de non déménagement dans les temps. Les prêteurs ont tout de suite imaginé une enveloppe qui ne cesserait de grossir en cas d'avarie. Les Banques n'ont pas suivi, même si l'entreprise avait "un pactole" de départ de près de 700.000 euros d'indemnités d'expropriation.
"Le paiement de ces pénalités a été reporté à 2023, ça laissait du temps à l'entreprise pour s'en sortir. Et de toute façon, si la construction d'un nouveau bâtiment avait démarré rapidement, ces pénalités n'auraient pas été importantes, on aurait même pu les négocier", répond aujourd'hui Jean-François Debat.
Le président de l'Agglo ne voit plus d'issue: "les licenciements sont prononcés, le magasin est en cours de liquidation, que voulez-vous faire? le patron a choisi".
Et puis, la rocade avance. L'enrobé est déjà visible, il s'arrête provisoirement juste derrière le local commercial. Sachant qu'il faudrait aujourd'hui au moins 9 mois pour construire un nouvel établissement, la mission "sauvetage" est désormais impossible.