C'est la fin d'une histoire vécue comme une injustice : l'atelier de confection 7Fashion de Bourg-en-Bresse, spécialisé dans la lingerie et les maillots de bain haut de gamme met la clé sous la porte. Une trentaine de salariés se retrouve sans emploi, victime de la délocalisation de la production d'un de leurs principaux clients.
Le regard est un peu perdu, la voix triste. Agathe Diaconu, PDG de 7Fashion, lit le mail qu'elle vient de recevoir du tribunal de commerce : "la conversion du redressement judiciaire en liquidation est effectivement prononcée avec une poursuite d'activité jusqu'au 20 décembre".
C'est donc la fin de l'histoire pour l'ancien atelier de confection Lejaby repris en 2014. Spécialisé dans la lingerie et les maillots de bain haut de gamme, l'atelier 7FASHION avait réussi à atteindre le seuil de l'équilibre financier en 2020.
Victime de la délocalisation de la production
Mais fin 2023, son plus gros client, Rejeanne, décide de délocaliser sa production. La moitié de la production de l'atelier est partie et plus de la moitié du chiffre d'affaires avec elle.
Placé en redressement judiciaire en février dernier, l'atelier qui faisait travailler une trentaine de salariés n'aura donc pas survécu. Tout s'arrêtera donc le 20 décembre.
On ne peut pas fermer du jour au lendemain, il y a des choses à organiser, à finir. J'ai demandé à toutes mes salariées de rester focus, concentrées, comme elles le font toujours, et ce jusqu'à la fin parce que c'est une question d'éthique de livrer des choses bien faites et d'honorer le travail jusqu'au bout.
Agathe Diaconu, PDG de 7Fashion
Le paradoxe, c'est que l'entreprise ne manquait pas de commandes. Fin novembre, alors que l'échéance approchait, la responsable d'atelier Valérie El Mahine nous confiait que l'activité était soutenue par des clients historiques ou de nouvelles collaborations. "On a beaucoup de travail, donc beaucoup de frustration de voir la fin arriver" disait-elle.
Des clients prestigieux
Leurs clients comptaient des marques de luxe comme Courrèges et du made in France comme le Slip Français. Mais la perte du client principal a fait fondre la trésorerie, et 7Fashion n'a plus le fond de roulement nécessaire pour lancer les productions commandées.
Alors la confection "made in France" a-t-elle encore de l'avenir ? Pour Agathe Diaconu,
Chacun doit apporter sa pierre à l'édifice (...) Nous, industriels, on doit savoir s'adapter aux demandes des clients (...) il faut que les marques acceptent de moins marger, parce que c'est ça qui fait que les produits sortent chers au final. Il y a aussi un travail à faire auprès des consommateurs, expliquer pourquoi quand j'achète un produit quelques euros plus chers fait en France, ça finance aussi notre système de santé, ça finance notre pays.
Agathe Diaconu, PDG 7Fashion
Pour les salariés en tout, la pilule est dure à avaler : Amandine Domingo Torres, couturière explique à nos journalistes Franck Grassaud et Maryne Zammit que le personnel "est déçu de perdre un travail qu'il aime. Parce qu'on adore faire ça, on vient le matin, on adore faire nos petits soutiens-gorges, nos petites culottes, nos petits maillots de bain. Ça va me manquer à moi".
Le succès puis la chute
À la reprise en 2014, il y avait 22 salariés, puis l'entreprise était montée à 40 personnes. Mais la période de déclin a vu les effectifs fléchir pour revenir à 30. Certaines sont encore des anciennes de Lejaby qui ont vécu la chute de la célèbre maison de lingerie.
Faute de repreneur, c'est donc une trentaine de salariés qui se retrouve sur le carreau, à devoir chercher un emploi avec des compétences liées à un secteur du textile sinistré.
Aujourd'hui, la plupart des membres du personnel ne veulent plus entendre de la confection.
Réalisé à partir du reportage de Franck Grassaud et Maryne Zammit, du bureau de F3 Ain et diffusé le jeudi 12 décembre 2024.