L'âne fait son grand retour à la campagne, mais on le pose souvent dans un champ pour débroussailler, et on ne s'en occupe plus, ce qui s'assimile à de la maltraitance. A Injoux, dans le département de l'Ain, une passionnée "rééduque" ces animaux délaissés.
A l'origine, Nadine Henchoz était assistante vétérinaire. Mais un jour, la "mordue" d'animaux a voulu voler de ses propres ailes, créant une pension pour chats à Injoux. Dans son petit paradis, au coeur de la nature, il restait pas mal de place, alors Nadine a proposé à l'association suisse "Le Refuge de Darwin" de prendre en charge des ânes.
Cette SPA spécialisée dans les équidés en récupère de plus en plus. Soit ils proviennent de séquestrations, autrement dit de saisies, après une maltraitance manifeste, soit ils sont confiés par des propriétaires débordés qui ne trouvent plus le temps de s'occuper de leur baudet.
Actuellement, Nadine accueille quatre pensionnaires à rééduquer. Il ne s'agit pas de les dompter, mais simplement de les remettre sur le chemin de la confiance envers l'homme. Quand un âne est resté seul pendant des années au fond d'un pré, son caractère change et il peut se révéler particulièrement dangereux. Il kicke sans cesse, c'est à dire qu'il fait taper ses sabots arrières, et peut mordre à une force qui dépasse celle d'un cheval.
En plus, "il n'est pas bien dans sa peau", témoigne Nadine. Avec calme et patience, la rééducatrice va donc rétablir le contact. Un petit parcours de 15 minutes par jour au bout d'une longe suffit, mais cela peut prendre des mois avec ces animaux très intelligents. Ils assimilent facilement ce qu'on leur demande mais ils ont aussi imprimé leur passé douloureux, et ça, c'est plus difficile à oublier! Ce ne sont pas des ânes faméliques qui arrivent chez Nadine, mais souvent des ânes touchés psychologiquement.
Reportage de Franck Grassaud, Lucie Denechaud et Frédéric Gramond