“Il y a un ras-le-bol et un malaise” : pourquoi aucun arbitre de football ne sera désigné ce week-end dans l’Allier

Dimanche 1er décembre, dans l’Allier, un arbitre de football a été agressé par un joueur. Afin de dénoncer cette violence qui se développe sur les terrains, il n’y aura aucune désignation d’arbitre officiel le week-end des 7 et 8 décembre dans l’Allier.

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C’est l’agression de trop. Dimanche 1er décembre, un arbitre de football a été victime d’un coup de poing et d’un coup de pied de la part d’un joueur sur un stade de la banlieue de Montluçon, dans l’Allier, au cours d’un match de D3. L’arbitre a été conduit à l’hôpital avec une fracture du nez et 10 jours d’ITT. Face à la recrudescence de la violence sur les terrains, le District de l’Allier de football, la Commission départementale des arbitres et l’Union nationale des arbitres de l’Allier ont décidé de ne pas désigner d’arbitre officiel pour les rencontres départementales seniors et jeunes le week-end des 7 et 8 décembre. Guy Poitevin, président du District de l’Allier de Football, justifie cette décision : “Depuis quelque temps, il y a une multiplication des agressions, aussi bien envers les arbitres seniors que jeunes. Il y a un ras-le-bol de la part du corps arbitral dans son ensemble. On a réfléchi avec la Commission départementale des arbitres et l’Union nationale des arbitres de football de l’Allier et on a décidé de faire une action pour sensibiliser les clubs à ces problèmes de violence. Le district ne désignera pas d’arbitre le week-end prochain aussi bien pour les seniors que pour les jeunes. On laissera les clubs gérer eux-mêmes les rencontres”.

"C'est une action forte"

Les matchs pourront malgré tout se tenir. Ils se tiendront sous l’autorité de dirigeants bénévoles. Guy Poitevin poursuit : “On n’a pas souhaité annuler la journée pour essayer de faire prendre conscience aux dirigeants de la difficulté d’arbitrer une rencontre tous les dimanches. On espère que cette décision aura une valeur symbolique. Il est probable que, les week-ends suivants, des arbitres ne voudront pas non plus participer aux rencontres”. Il insiste sur la portée symbolique de la décision : “Cela fait 20 ans que je suis président de district. De mémoire, c’est la première fois qu’on met en place une telle action. Il y a déjà eu des grèves des arbitres. C'est une action forte”.

Un phénomène de société

Guy Poitevin évoque une violence qui s’est développée sur les terrains de football : “Il y a un ras-le-bol et un malaise chez les arbitres. Je ne comprends pas cette violence. On est un district plutôt rural. L’Allier n’est pas la banlieue lyonnaise, stéphanoise ou grenobloise. C’est sans doute lié à la société actuelle. C’est une situation qui s’est généralisée. Cela devient inquiétant. Il ne faut pas que l’on baisse les bras, il faut montrer qui est le plus fort. Il faut essayer d’éradiquer cette violence qui règne sur les terrains. Il y a la violence des joueurs mais aussi de certains éducateurs et de certains parents. Ces derniers sont omniprésents sur les terrains et font plus de mal que de bien. Ils voient leurs enfants comme des futurs Mbappé et n’acceptent pas les décisions des éducateurs, n’acceptent pas que leurs enfants perdent une rencontre”.

"Quand on en arrive là, c’est que l’heure est grave"

Du côté des arbitres, même son de cloche. Julien Alligier, président de l’Union nationale des arbitres de football de l’Allier, explique : “Quand on en arrive là, c’est que l’heure est grave. On a passé un certain stade de violence. On ne voyait pas d’autre solution que de se retirer au moins ce week-end. On a eu l’appui de nos instances”. Il évoque l’état d’esprit des arbitres : “Des arbitres ont peur. Depuis le début de la saison, ça va crescendo. Les arbitres sont aussi en colère. Ils ne comprennent pas ce qui est arrivé dimanche à leur collègue. Cela peut arriver à n’importe qui, à n’importe quel moment. Ils veulent qu’il y ait une prise de conscience et que les clubs fassent le ménage dans leurs rangs”.

Des sanctions possibles

Julien Alligier croit en certaines mesures pour éradiquer la violence : “Il existe une multitude de sanctions. Dans des départements voisins, les sanctions sont doublées mais cela n’empêche pas la violence. Dans l’affaire de dimanche dernier, il y a le volet disciplinaire et le volet pénal car l’arbitre a déposé plainte. Le procureur de la République devra faire appliquer la loi”. Un brin fataliste, Julien Alligier souligne : “Le foot est malheureusement le reflet de la société. Plus personne ne respecte l’autorité, que ce soit les professeurs ou les policiers. Pour les arbitres, on espère que nos actions permettront de faire changer certains comportements”. Le district songe à doubler les sanctions disciplinaires à partir du mois de janvier afin de lutter contre la violence sur les terrains de football. 

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