Depuis plus de 75 ans, les sœurs de l’abbaye de Chantelle vivent de leur travail : la fabrication et la vente de produits cosmétiques. Cette communauté de l’Allier a lancé un nouveau produit pour élargir sa gamme : un shampooing solide.
Sorti juste avant Noël, un shampooing solide a été formulé et conditionné par les sœurs de l’abbaye de Chantelle, dans l’Allier. Depuis de nombreuses années, la communauté de cette abbaye produit des cosmétiques. Grâce à ce shampooing, elle essaie de se renouveler. François Gérard, responsable commercial, explique : “L'objectif c'est de capter une nouvelle clientèle plus jeune que notre clientèle historique, c'est-à-dire les clients qui ont entre 30 à 40 ans et qui peuvent être sensibles aux enjeux écologiques. On est un petit fabricant local, pour se démarquer, la seule manière, c'est de faire de la très bonne qualité sur les produits. Le shampooing est enrichi en huile d'argan pour nourrir les cheveux, il mousse beaucoup.”
Plusieurs lieux de fabrication
Sœur Gabrielle explique que contrairement aux crèmes et autres eaux de Cologne, les produits solides ne sont pas fabriqués à l’abbaye, même s’ils restent issus de formulations conçues sur place : “Nous confions la production à un sous-traitant. Nous avons des savonniers avec lesquels nous travaillons parce que tout ce qui est solide, c'est très complexe et très vaste en ligne de production. Nous n'avons pas la place pour installer une ligne pareille. Ils travaillent selon nos formules. Ils nous livrent les produits sans étui. Nous nous chargeons de la mise en étui sur place à l'abbaye et de la commercialisation.”
Sur cet éperon rocheux, les laboratoires de production et de fabrication font à peine 25 m² chacun. La place manque pour installer des lignes de fabrication. Alors, les sœurs distinguent les produits qu’elles fabriquent de ceux qu’elles conditionnent : “Au niveau des packagings, on a 2 logos. En l'occurrence pour le shampoing solide, il est indiqué qu’il est conditionné à l'abbaye”, explique François Gérard. En revanche, les crèmes et les eaux de Cologne conservent la fabrication au sein de de l'abbaye.
Une boutique physique et en ligne
L’abbaye propose 3 canaux de ventes, pour ses produits. La vente par internet bien-sûr, mais pas seulement : “Notre clientèle historique achète sur catalogue. La vente par correspondance est le pilier historique. Nous avons également une boutique sur place. Nous sommes un lieu touristique, avec beaucoup de passage. Nous avons un réseau de revendeurs, notamment en France, mais aussi en Europe. Par exemple, d'autres boutiques monastiques vendent nos produits et nous envoient les leurs”, explique sœur Gabrielle.
"On a commencé avec un tout petit laboratoire"
La fabrication de cosmétiques à l’abbaye de Chantelle remonte à une demande des autorités de l'Église catholique de Rome, aux environs de 1950 : “Le pape, notamment, a demandé à ce que les communautés monastiques aient un travail rémunéré, pour qu'on puisse gagner de l'argent et qu'on ne vive pas seulement des dons ou en autarcie rurale”, explique sœur Gabrielle. Au sein de la communauté de l’époque, une sœur était chimiste et une autre sœur était très douée en calcul. Avec l'aide d’un pharmacien et du réseau familial, sont nés les produits cosmétiques de soins de l’abbaye de Chantelle : “C’est pour toute la famille, c'est ça la cible. Le but est de faire quelque chose qui n’est pas dépendant de la structure de l'Église. On a commencé avec un tout petit laboratoire pour faire des essais.” La doyenne, aujourd’hui âgée de 104 ans, a raconté cette aventure à sœur Gabrielle : “Il y a eu quelques mésaventures au début, les crèmes corporelles qui arrivaient chez les clients déphasées par exemple. On a commencé par une petite production, ça a grandi petit à petit. Aujourd'hui on a une clientèle fidèle d’environ 10 000 personnes.”
Des soeurs impliquées
Pour faire face à la demande, l’abbaye agrandit ses sites de production et renouvelle ses laboratoires. Mais cet agrandissement n’est pas exponentiel : “Notre entreprise appartient intégralement à la communauté et n'a pas vocation à faire concurrence aux grandes marques de cosmétiques. Le but est de faire vivre notre communauté, d'entretenir l'abbaye. Tant que cela est assuré, nous sommes contents. La surface est restreinte, on ne peut pas agrandir indéfiniment”, explique sœur Gabrielle. Sept sœurs font vivre l’abbaye et ses cosmétiques, épaulées par une équipe de 8 salariés : “La communauté a quand même son âge. Je ne vais pas demander à une sœur de 104 ans ou de presque 90 ans de fabriquer des crèmes. Chaque sœur a encore sa part à apporter à l'entreprise, tout en étant respectueuse de ses capacités physiques. La sœur doyenne a travaillé jusqu'à 100 ans, à mettre des savons en étui. Elle a tenu à conserver cette activité le plus longtemps possible. Les sœurs sont toutes plus ou moins impliquées.”
Avec un catalogue d’une cinquantaine de produits, crèmes, gels douche, shampooing liquides, eaux de toilette et de Cologne, il y en a pour tous les goûts et pour tous les budgets. Les savonettes et petis gels douches coûtent aux alentours de 4 euros et les eaux de Cologne en grand conditionnement reviennent environ à 50 euros.