Fief communiste dans les années 1980 et 1990, passé à droite depuis, Montluçon (Allier) a majoritairement voté pour le Rassemblement national aux élections européennes du 26 mai. C’est la première fois que l’extrême-droite arrive en tête dans la ville. Les Républicains eux, s’effondrent.
A Montluçon comme dans beaucoup d’autres villes, dimanche 26 mai, c’est le Rassemblement National qui est arrivé en tête des élections européennes. La liste conduite par Jordan Bardella a obtenu 22,61% des voix. Elle devance la liste La République en Marche (18,99%) et la liste Les Républicains (11,97%).
Les résultats dans le détail :
Rassemblement national - Jordan BARDELLA : 22,61%
La République en marche - Mouvement démocrate - Nathalie LOISEAU : 18,99%
Les Républicains - François-Xavier BELLAMY : 11,97%
Europe Ecologie - Les Verts - Yannick JADOT : 9,78%
La France insoumise - Manon AUBRY : 9,15%
Parti socialiste - Place publique - Raphaël GLUCKSMANN : 6,18 %
Parti communiste français - Ian BROSSAT : 5,12%
Génération.s - Benoît HAMON : 3,13%
Parti animaliste – HélèneTHOUY : 2,99%
Debout la France - Nicolas DUPONT-AIGNAN : 2,79%
Union des démocrates indépendants - Jean-Christophe LAGARDE : 2,35%
Urgence écologie - Dominique BOURG : 1,17%
Alliance jaune ("Gilets jaunes") - Francis LALANNE : 1,02%
Pour la sous-préfecture de l’Allier, ce résultat est une première : l’extrême-droite avait jusqu’ici toujours été tenue en échec. Ainsi aux Européennes de 2014, c’est la liste de Brice Hortefeux qui avait remporté l’élection, avec 25,43% des voix et une bonne avance sur la liste du Front national, conduite alors par Bernard Monot (deuxième avec 20,38% des voix). Puis au premier tour de la présidentielle 2017, le Front national était arrivé seulement quatrième à Montluçon (18,22% des suffrages). Marine Le Pen avait été devancée par Emmanuel Macron (24,41%), Jean-Luc Mélenchon (23,65%) et François Fillon (18,81%). Au second tour, Emmanuel Macron avait ensuite largement battu son adversaire (70,15% contre 29,85%).
L'erreur des Républicains
La percée de l’extrême-droite aux Européennes est donc une surprise, tout comme le faible score des Républicains (11,97%), dans cette ville dirigée par un maire de droite. "C’est le résultat de la droite dans toute la France qui est décevant", commente justement celui-ci, Frédéric Laporte.
"Il y a un désamour pour les partis traditionnels, je ne sais pas d’ailleurs si on va pouvoir les appeler longtemps comme cela. C’est la même chose pour le parti socialiste, les résultats sont très en-deçà de ce qui se faisait avant."
Pour Frédéric Laporte, les Républicains ont commis une erreur lors de cette campagne. "La direction du parti actuel perd son temps à vouloir chasser les électeurs du RN", analyse l’élu. Or pour lui, le RN a surtout récupéré des électeurs issus des couches populaires, de la gauche, "qui ne seraient pas aller voter pour la droite". Et c’est plutôt La République En Marche qui a causé du tort à la droite traditionnelle.
Largement battus, les Républicains vont devoir se remettre en question. Avec Laurent Wauquiez ou non, ce que se refuse à commenter Frédéric Laporte.
A noter que si l’extrême-droite a séduit Montluçon, la ville n’a pas pour autant totalement oublié son passé communiste : la liste conduite par Ian Brossat a en effet obtenu 5,12% des voix, dépassant une barre symbolique. A noter aussi la forte abstention : seulement 48,34% des inscrits ont voté.