À Moulins, une colocation pas comme les autres permet à des personnes en situation de handicap de vivre ensemble, entre autonomie et soutien mutuel.
La colocation est en plein essor. Celle de Lucas à Moulins, dans l'Allier, se distingue des autres : tous les colocataires sont atteints d'un handicap. Se poser devant sa télévision peut sembler banal, mais pas pour Lucas, qui souffre de myopathie. Sans cette maison, il aurait dû vivre dans un foyer médicalisé, à quatre heures de route de sa famille. Il apprécie son indépendance : "Être chez soi et être libre de faire ce que l'on veut, c'est un vrai plus. Mieux vaut être entouré que de rester seul à ne rien faire ".
“Mener une vie la plus ordinaire possible”
Les repas sont des moments de convivialité où tout le monde se retrouve. Sept adultes, atteints de handicaps physiques ou mentaux, et des professionnels les accompagnant 24 heures sur 24, sept jours sur sept, partagent ces instants. Chloé Desbonnets, responsable de l'habitat inclusif du "Club des six", précise : "Le principe est de permettre aux personnes handicapées de mener une vie la plus ordinaire possible.On n’est pas un lieu médicalisé. C’est un domicile privé. Les colocataires sont chez eux. Ils louent, chacun, leurs chambres. L'équipe adapte la prise en charge en fonction des besoins. Dès lors qu'une personne souhaite participer au projet de vie sociale partagée, et si son handicap le permet, il est possible de s'installer ici.On les accompagne aussi dans leur projet de vie. Jérôme, par exemple, aimerait faire du tennis adapté. On a contacté un club pour le pousser vers son objectif ".
Pour réaliser ce projet de colocation, il a été nécessaire de rénover entièrement un hôtel particulier de 380 mètres carrés, en plein cœur de Moulins. Chaque colocataire dispose de son propre espace. Adélie, atteinte d'infirmité motrice cérébrale, a 21 ans et a décoré sa chambre avec des posters de son chanteur préféré. "J'ai un poster de Pierre Garand. Je vais le voir en concert, j'ai trop hâte !". En emménageant ici, Adélie a enfin pu quitter la maison de ses parents. Elle apprécie beaucoup de choses : "L'autonomie, la ville... c'est génial !", se réjouit-elle.
Jour après jour, chacun apprend les gestes du quotidien. L'objectif ? S'entraider et briser la solitude souvent vécue par les personnes en situation de handicap. Il y a 23 colocations de ce type en France.