C’est un morceau d’Auvergne qui a pris place dans la mythique cathédrale de Notre-Dame de Paris. En partie, grâce aux chênes de la forêt de Tronçais (Allier), la restauration de l'édifice ravagé par l'incendie de 2019 a pu voir le jour. Retour sur un projet exceptionnel où la forêt s’est mise au service de ce chef-d’œuvre historique.
Un morceau d’Auvergne trône désormais dans la mythique cathédrale de Paris. Plusieurs chênes de la forêt de Tronçais, dans l'Allier, ont été utilisés pour restaurer la charpente de Notre-Dame après l'incendie dévastateur de 2019. Des arbres aux dimensions exceptionnelles, sélectionnés avec soin pour leur taille imposante et la qualité de leur bois. Le président de la République, Emmanuel Macron avait promis de reconstruire Notre-Dame en cinq ans, un défi relevé en partie grâce au savoir-faire des forestiers de l'ONF (Office National des Forêts).
Nous y sommes. pic.twitter.com/oBjrTpuvFZ
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) November 29, 2024
En 2021, Aymeric Albert, chef de département commercial bois à l'ONF, a coordonné la recherche de chênes d'exception pour répondre aux exigences des architectes. Selon lui, “la forêt de Tronçais s'inscrivait parfaitement dans ce projet”. Il indique : "Nous avions besoin de bois de haute qualité, très grands et sans défauts. À Tronçais, ce type de bois est disponible", précise-t-il.
Un défi de taille
La mission était de taille : il fallait des chênes mesurant jusqu'à 20 mètres de long et ayant un diamètre supérieur à un mètre. Pour ce faire, des arbres de plus de 250 ans ont été sélectionnés. "La flèche de Notre-Dame repose sur des poutres géantes, et il nous fallait du bois sans défaut et parfaitement droit", explique Aymeric Albert. “Chaque arbre a été minutieusement choisi pour son fil droit, garantissant ainsi une charpente robuste et stable”.
Les chênes, une fois coupés, ont été envoyés dans diverses scieries, dont celle de Meaulne-Vitray, à quelques kilomètres de la forêt bourbonnaise. "Nous avons transformé une trentaine de chênes, principalement pour la flèche" indique André Chignac, co-gérant de la scierie du village. “Mais pour les grandes pièces, d’autres scieries ont été sollicitées”. Le bois a été travaillé avec soin dans cet atelier pour respecter un cahier des charges strict : “Il fallait garantir des pièces sans nœuds, sans défauts et parfaitement droites".
"Nous nous en souviendrons toute notre vie"
Les forestiers de l'ONF ne cachent pas leur fierté d’avoir contribué à ce projet historique. "C’est un travail de 15 générations de forestiers qui se concrétise aujourd’hui", se réjouit Aymeric Albert. "Le bois que nous avons sélectionné n'est pas juste un matériau, c'est une part de l'histoire. Il est enraciné dans le passé et porteur de l'avenir de Notre-Dame."
Pour la scierie de Meaulnes, cette contribution a été une "coupure" symbolique dans leur quotidien. "Nous avons fait partie d'un projet exceptionnel, dont nous nous souviendrons toute notre vie", témoigne André Chignac. "Il y a un bout d'Auvergne dans la flèche et on en est fiers". À chaque pièce produite, chaque arbre transformé, la fierté était palpable dans son atelier. "On a estampillé chaque pièce. Chaque élément numéroté marquait notre passage dans cette histoire", ajoute-t-il.
Ce samedi 7 décembre, après cinq ans de travaux, la cathédrale Notre-Dame de Paris rouvrira enfin ses portes au public. Un événement attendu par des millions de personnes à travers le monde. Ce sera l'occasion de célébrer la réussite de ce projet colossal, dans lequel l'Auvergne a joué un rôle crucial.