"Construire une route ne réglera pas le problème", les opposants au contournement de Saint-Peray exigent une étude sérieuse sur l'environnement

En novembre dernier, la suspension des travaux du contournement de Saint-Peray avait été actée par le tribunal administratif de Lyon. La préfecture de l'Ardèche vient de prolonger de deux mois supplémentaires cette suspension. Pour les opposants à ce projet de route, des études "sérieuses" sur les espèces protégées s'imposent.

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Riverains, associations et élus écologistes restent mobilisés. Pour l'instant, rien n'a été décidé concernant le projet. Ce mercredi 15 janvier, la préfecture de l'Ardèche a suspendu pour deux mois supplémentaires les travaux de la déviation de la commune de Saint-Peray. Les militants et élus écologistes sont sceptiques et veulent un abandon total du projet.

Déviation de Saint-Peray : des opposants toujours mobilisés - 16/1/25 © France tv

Délai supplémentaire

Pour la préfecture de l'Ardèche, ce délai supplémentaire de deux mois doit permettre d'analyser plus précisément l'étude complémentaire transmise à ses services par la communauté de communes Rhône Crussol le 7 janvier dernier.
"Afin d'analyser de manière précise et rigoureuse cette étude, la préfète de l’Ardèche a pris ce jour un arrêté prolongeant la suspension des travaux et l’interdiction d’accès au site pour un délai de deux mois à l’issue duquel elle rendra sa décision", a indiqué la préfecture de l'Ardèche dans son communiqué du 15 janvier.

Si la préfecture a suspendu les travaux préparatoires au chantier, c'est en application d'une décision de justice administrative du 15 novembre 2024. Saisi par deux associations de défense de l'environnement, le tribunal administratif de Lyon a demandé à la communauté de communes porteuse du projet de produire "des éléments complémentaires relatifs à la présence d'espèces protégées" avant la fin de l'année.

La préfecture doit à présent rendre sa décision définitive le 15 mars prochain.

"Espèces protégées"

La protection sur le site de 7 hectares d'espèces protégées, c'est le point de crispation de ce dossier depuis plusieurs mois. Depuis le début, deux associations de protection de l'environnement manifestent leur opposition au projet de contournement routier de Saint-Peray. La Frapna Drôme Nature Environnement et Alterre et se battent pour l'abandon de ce projet jugé "d'un autre temps".

"Pour nous, la situation est assez claire. Concernant les espèces protégées, pour faire les choses dans les règles, le juge a dit qu'il fallait une étude quatre saisons, qu'il fallait prendre un an pour bien évaluer les espèces présentes et avoir une dérogation "espèces protégées" pour pouvoir mener les travaux", explique Benoit Verzat, coprésident de l'association Alterre.

Si la décision de la préfecture a été bien accueillie, elle ne règle pas le problème. Elle ne fait que repousser l'échéance de la prise de décision. "Nous sommes toujours dans cette configuration. Là, il y a un peu plus de délai pour prendre cette décision", ajoute-t-il.

Études d'impact "lacunaires"

Même écho chez Maud Grard , élue écologiste à la Région. "C'est quand même une bonne nouvelle. Les travaux sont suspendus pour deux mois supplémentaires. Ça nous donne un peu de répit, mais c'est insuffisant. Ce qu'on demande, ce sont des études sérieuses sur les espèces protégées," explique la conseillère régionale.

Il n'y aura pas de temps suffisant en deux mois pour mener des études sérieuses sur les espèces protégées comme l'a demandé le tribunal administratif.

Maud Grard

Élue régionale "Les Ecologistes"

Selon Benoit Verzat, la première étude d'impact était vraiment "lacunaire". "Des arbres centenaires n'avaient même pas été identifiés. On a pu mener par ailleurs des études sur les espèces protégées qui n'avaient pas été identifiées : 18 espèces de chauves-souris, la moitié des espèces qui existent en France". Le coprésident d'Alterre ne se fait pas d'illusions, le complément d'étude d'impacts, qu'il n'a pas encore pu consulter, sera "forcément lacunaire". "L'hiver, faire une étude complète, ce n'est pas possible", selon le militant.

Fluidifier le trafic... ou pas

Le projet routier prévoit de relier les communes de Cornas et Guilherand-Granges. Mais c'est aujourd'hui un tronçon long de près de 1,5 km qui cristallise les tensions. Ce tronçon permettrait, selon la communauté de communes Rhône-Crussol, de désengorger le centre de Saint-Peray, soumise à l'incessant passage des camions. Le contournement permettrait ainsi de fluidifier le trafic. Chaque jour, des centaines de camions traversent Guilherand-Granges et Saint-Péray.

Les associations souhaitent des alternatives à ce projet de contournement. "On veut des alternatives à ce projet. Il y a des bouchons dans Saint-Peray et c'est un problème. Dire : on va construire une route et ça va régler les problèmes, c'est complètement faux," assure Benoit Verzat. Son association est favorable au développement de lignes de bus, des pistes cyclables, des orientations tendant à réduire la circulation.

Des riverains, militants et élus écologistes opposés au projet de contournement de la commune de Saint-Peray, en Ardèche. © France tv


"On est nombreux à être opposés au projet. Il ne va pas fluidifier le trafic, il va augmenter la circulation routière. Ça va devenir un enfer sur la RD 86. Aujourd'hui la situation est intenable notamment sur Cornas, il y a trop de camions et de voitures. Dans quelques années, ce sera 50% de trafic supplémentaire", assène Maud Grard. Le projet à 16 millions d'euros pourrait être employé à des solutions alternatives selon elle, comme le retour des trains de voyageurs dans le département.

"On n'a jamais eu d'alerte"

De son côté, Jacques Dubay, président de la communauté de communes Rhône Crussol, n'est pas inquiété outre mesure par le délai supplémentaire de deux mois imposé par les services de l'État. "Si ce qu'on avait fourni ne correspondait pas aux attentes, on aurait eu un arrêt des travaux avec des demandes plus fortes", assure l'élu.

Communauté communes Rhône Crussol © France tv



À propos de l'étude sur les espèces protégées, ce dernier plaide la bonne foi : "On a fourni par deux fois les documents à l'autorité environnementale et on n'a jamais eu d'alerte. On a eu un avis favorable pour réaliser l'infrastructure, sans complément sur la fameuse étude "espèces protégées". Si on nous l'avait dit en 2021 ou 2022, on se serait plié aux textes et à la loi. En fait, on n'a jamais eu aucun signal. On s'est dit : on est dans les clous et donc on poursuit", assure Jacques Dubay.

Jacques Dubay, président de la communauté de communes Rhône Crussol - janvier 2025 © France tv

"Projet vital"

Jacques Dubay rappelle également que ce projet fait l'unanimité dans cette communauté de communes. "Ce projet est vital pour le territoire. Il est pratiquement terminé, il manque 1,6 km. Il va permettre de sortir les camions de nos communes de Guilherand-village, de Saint-Peray, d'accompagner les transitions", ajoute l'élu qui mentionne notamment une piste cyclable qui longera la totalité de l'infrastructure.

Treize communes, treize équipes municipales sont à l'unisson pour dire : on termine ce tronçon. (...) On a déjà perdu trop de temps, on aurait dû terminer l'ouvrage en 2022.

Jacques Dubay

Président de la CC Rhône Crussol

Si les procédures devant la justice administrative ont considérablement ralenti la réalisation de cette infrastructure, elle est cependant bien avancée, avec près de 3 km déjà construits. "On a besoin de terminer ce tronçon pour des raisons de développement et d'accompagnement de nos cœurs de villes, pour les soulager des camions, sources de pollutions et de nuisances", martèle Jacques Dubay. Et d'ajouter : "Plus on recule, plus ça coûte cher aux contribuables et plus, on a encore des sources de nuisances et de pollutions dans nos villes." Le projet est un serpent de terre. Les travaux ont débuté voilà dix ans.

Le président de Rhône Crussol n'en démord pas. Il est même formel et confiant. "Le projet se fera. On a besoin de cette infrastructure et elle se fera quoi qu'il arrive", conclut l'élu local.

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