Guerre d'Algérie : 60 ans après le cessez-le-feu, 2 anciens combattants ardéchois se souviennent du 19 mars 1962

Publié le Mis à jour le
Écrit par Ana K.

Samedi 19 mars, ils seront au monument aux morts pour la France de la Voulte. Il y a 60 ans, Louis et Joannès étaient militaires en Algérie. Ils ont vécu l'appel à cessez-le-feu du 19 mars 1962. Entre drapeau, médailles et photos, ils évoquent leurs souvenirs.

Penchés sur une vieille carte de l'Algérie, Louis et Joannès recherchent les lieux qui ont fait partie de leur quotidien il y a 60 ans. "Ah, Philippeville, j'y étais, je suis arrivé avec le mal de mer, après je suis allé jusqu'à Batna."

Appelés pour faire du maintien de l'ordre, ils avaient 20 et 22 ans à l'époque. Joannès était dans les transmissions, " Je dépannais, réparais, changeais les lignes téléphoniques et je montais la garde à l'état-major". "Moi, je faisais surtout des escortes d’ambulance, je conduisais des personnes." explique Louis en montrant une photo sépia.

Des souvenirs intacts

Ni l'un ni l'autre ne sont retournés en Algérie, ils en gardent le souvenir d'un pays éclatant. Les photos, ils ne les sortent plus souvent, les regardent rarement. Sans amertume, ni regret, après 6 décennies, ils estiment que leur présence était inutile et qu'ils ont perdu 2 ans de leur jeunesse. Mais eux, ils sont rentrés.

"Ce samedi, nous serons devant le monument aux morts. C’est important, dit Joannès, par rapport aux collègues qui sont morts là-bas. On ne peut pas être indifférent à tous ceux qui ont laissé leur vie à 20 ans et à tous les blessés, ceux qui sont revenus estropiés ou traumatisés."

C'est une journée importante pour moi, comme pour tous ceux qui y étaient.

Joannès Corompt, ancien combattant de la guerre d'Algérie

On a lâché les armes, c'était magnifique.

"Je me rappelle le 19 mars là-bas, le grand soleil, on a lâché les armes, c’était magnifique, se souvient Joannès. Bien sûr, les Algériens, ils ont fait tomber des statues de chez nous, Jeanne d’Arc etc… Ils ont abimé la ville, mais enfin, c’était chez eux, on avait rien à dire, point barre".

Pour Louis et Joannès un lien indéfectible unit ceux qui ont vécu cette journée en Algérie. "On sait de quoi on parle, ce qu’on a vécu, on est revenu soudé."

"D’ailleurs, confirme Louis Desruol, on se tutoie. On ne se vouvoie pas, on est tous pareils, qu’on ait 10 ans d'écart de plus ou de moins, on est allé là-bas, c’est sacré." 

Ils décrivent la période du cessez-le-feu comme dure, insécure.

Une reconnaissance attendue

Avant, cette cérémonie était organisée aux frais des anciens combattants. "La FNACA, (Fédération Nationale des Anciens Combattants d'Algérie) explique Joannès Corrompt, c'est une association d’anciens combattants que nous avons créée nous-mêmes. Au départ, quand on est revenu, les autres organismes d’anciens combattants ne nous ont pas acceptés car on n'était pas des combattants ! Ce n’était pas reconnu comme guerre l'Algérie."

Il explique que les élus et les communes ne les considéraient pas non plus comme des anciens combattants. Ils ont alors éprouvé le besoin de se constituer, eux, en association. Une façon de donner corps à leur solidarité, leurs vécus. 

Ce samedi 19 mars, ils seront avec le drapeau de la FNACA à la main et leurs médailles sur la poitrine en Ardèche pour se souvenir ce jour qui, il y a 60 ans, a marqué leur vie.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité